Les choses simples

30.9.11

Le polygamiste solitaire





Un beau livre, sûrement pas à la haute du Destin miraculeux d’Edgar Mint, mais très fort tout de même, centré sur le personnage de Golden Richards, polygame donc, qui a 4 épouses et 28 enfants et qui traverse une crise existentielle.

Petit à petit, on apprend des choses sur lui, son passé, et son histoire prend une forme plus malheureuse qui nous rend cet homme un peu faible, lâche et naïf, finalement très attachant.

PS : je trouve les couvertures américaines plus sympas...

Course à pied

Depuis le mois de juin, je fais beaucoup de course à pied. Trois fois par semaine, je me lève une heure plus tôt, j'enfile mes baskets, je pose mon casque sur la tête, mon téléphone dans la brassière que j'enroule autour de mon bras et je quitte la maison encore endormie pour avaler des kilomètres.

Au début, le soleil était déjà levé et m'offrait sur la ville des couleurs invraisemblables et chaudes. Je prenais des parcours différents, essayais de nouvelles distances. J'étais bien, ma musique dans les oreilles.

Depuis début septembre, les choses ont un peu changé. En effet, quand mon réveil sonne, vers 5h45, il fait bien nuit dehors. Et quand je suis prêt à sortir, il fait toujours sombre. Certains matins, c'est plus compliqué. Je me demande pourquoi je fais ça.

Et encore il ne fait pas froid. Si je tiens le coup tout l'hiver, ce sera une bonne chose. Sinon, il ne s'agira encore une fois que d'une mode passagère.

Un mercredi, il y a peut-être deux semaines, j'ai pris un parcours qui passe par les Bords de Marne, du côté du stade de football. Pendant la descente, tout allait bien et soudain, au loin, m'approchant de la rivière, je ne voyais plus rien, juste une masse sombre qui semblait vouloir m'aspirer. J'ai poursuivi mon chemin, évitant de justesse une flaque d'eau de la taille d'un étang et je me suis engagé sur la piste cyclable qui n'était donc pourvue d'aucun éclairage. Seule la lune, presque pleine, me donnait quelques zones moins obscures mais avec les feuilles des arbres, ce n'était pas très efficace. Sur cette partie, je suis allé plus vite. Je ne craignais pas spécialement de me faire agresser, me disant peut-être naïvement qu'il était bien trop tôt pour ça, j'avais surtout peur de trébucher sur quelque chose, de m'écrouler au sol, tout seul, dans le noir d'une piste que personne n'emprunte de si bonne heure. Finalement, j'ai rejoint une zone d'habitation éclairée assez rapidement et j'ai fini ma boucle comme d'habitude.

Une semaine plus tard, j'ai pris un autre parcours, celui qui fait un tour en passant par Champs et Gournay avant de revenir sur Noisy. Dans une belle montée, alors que les réverbères étaient allumés et éclairaient bien la route, je me suis pris une racine de platanes qui faisait bomber le trottoir et là... cascade ! J'ai eu le réflexe de poser d'abord mes mains au sol (je le précise car quand j'étais petit, je ne le faisais pas et je me suis souvent retrouvé avec des lèvres gonflées) puis le coude gauche (petites éraflures au passage) et enfin de faire une galipette avant pour me retrouver sur mes pieds, vérifier en un quart de seconde que tout allait bien et repartir comme si de rien était. Mes paumes de main me piquaient un peu, mon coude également mais sinon, rien à signaler, un vrai yamakasi !

Dimanche dernier a eu lieu les 10 km de Gournay. Suite à l'amélioration de mon record lors des 10 km de Noisy en juin dernier (50'59), je me suis assez rapidement inscrit à cette nouvelle course pour me donner un but pour la rentrée. J'ai eu un nouveau téléphone pour mon anniversaire, découvert une application gratuite qui donne le plan de course, les kilomètres parcourues, les temps de passage, la vitesse moyenne, je me suis motivé pendant l'été, j'ai même entraîné dans mon sillage Anthony qui a lui-même convaincu son beau-frère et, du coup, dimanche dernier, vers 10h, nous nous sommes retrouvés tous les trois sous un beau soleil de début d'automne, avec chacun des ambitions différentes mais une même envie de parvenir jusqu'au bout.

Nous nous sommes échauffés sur le parcours, le long des Bords de Marne. Nous avons regardé du coin de l'oeil ceux qui avaient l'air de ne pas être là pour rigoler et qui pourraient finir leur deuxième tour alors nous terminions à peine le premier. Anthony voulait finir en moins d'une heure. Lionel, son beau-frère, qui a récemment perdu beaucoup de kilos et qui semble trouver dans la course à pied un moyen de garder la forme tout en se dépassant souhaitait faire moins de cinquante minutes. De mon côté, ce temps-là était aussi mon but. Je m'en savais capable mais je connaissais aussi le problème d'être présent le jour J à l'heure H...

Nos femmes et nos enfants sont arrivés presque en même temps, juste pour nous souhaiter bon courage. Nous nous sommes placés en queue de peloton, avons préparé nos téléphones, nos sélections musicales et/ou nos applications et quand le coup de feu a retenti, nous avons suivi la foule des coureurs pour prendre notre rythme. Dans les premiers mètres, j'ai dépassé pas mal de monde, suivant Lionel à deux mètres derrière lui. Je sentais bien que je partais un peu trop vite mais je me disais aussi qu'après tout, peut-être que c'était ce qu'il fallait faire et observer ensuite une bonne gestion de course. Mais à ce moment-là, c'était seulement suivre Lionel qui m'intéressait. En haut de la côte, au 2ème kilomètre, j'ai vu Stéphane qui m'attendait derrière une barrière et à qui j'ai fait un petit signe qu'on pourrait traduire par un "merci mon ami, ça me touche beaucoup, je te kiffe" et dans la descente j'ai fini par dépasser Lionel et prendre alors mon rythme personnel et ma foulée, dépassant des coureurs, me faisant dépasser aussi. Jusqu'au 6ème kilomètre, tout allait bien mais j'ai quand même eu une baisse de régime sur 5 bonnes minutes pendant lesquelles je me suis maudit d'être parti si vite.

Dans le dernier kilomètre, une petite femme que j'avais doublée un kilomètre plus tôt m'a doublé à son tour et semblait avancer comme une fusée, me laissant loin derrière elle.

Et finalement, quand j'ai tourné pour me retrouver dans la ligne droite de l'arrivée, que j'ai vu Sandrine et Vincent, que j'ai jeté un coup d'oeil sur le chronomètre officiel de la course, j'ai déchiffré 48... Je n'en croyais pas mes yeux et j'ai alors accéléré pour franchir la ligne en 48'28, battant mon record, et approuvant alors, car ils venaient de payer, tous mes footings ultramatinaux, dans le noir et la solitude.

Lionel est arrivé en 52' quelque chose. Anthony en 1h'00''37. Il était déçu car son application lui donnait moins d'une heure et il s'était fié à elle. S'il avait su qu'il avait ce petit retard, il aurait trouvé de la ressource pour rester sous la barre des une heure. Du coup aussi, cela lui a donné envie de recommencer, et très vite.

22.9.11

Dimanche

Dimanche fut une journée particulière.

Le matin, Sandrine, Vincent et moi nous sommes rendus à la Brocante du Perrreux.

Avant cela, j’avais pris la voiture pour acheter une boite double à Bricorama. Je n’avais pas regardé les horaires d’ouverture avant d’y aller, comme Sandrine me l’avait judicieusement conseillé, et je me suis retrouvé devant des portes closes à 9h40… Je suis rentré et j’ai récupéré Sandrine et Vincent qui m’attendaient sur le trottoir au garage VolksWagen.

Bien sûr, nous avons mis un temps fou à trouver une place. Tellement fou que finalement j’ai déposé ma petite famille près des cent marches et j’ai cherché seul une bonne place. Je me suis retrouvé dans les hauteurs à me garer dans une place qui n’en était pas une, entre deux arbres.

Je les ai retrouvés assez rapidement. Vincent avait apporté son porte-monnaie Flash McQueen avec un peu d’argent de sa tirelire. Sandrine lui avait dit qu’il pouvait s’acheter ce qu’il voulait mais qu’il fallait organiser ses dépenses. Il a réussi à se contenir, écoutant aussi nos conseils avisés à propos d’une voiture trop cabossée ou d’un jouet McDo vendu 1€.

Nous avons croisé la nourrice de Sandrine, une portugaise grande, aux cheveux bouclés, avec une grosse voix. Son mari, petit et timide, nous a montré sur son téléphone une photo de son petit fils, engoncé dans un canapé, habillé en racaille. Ils étaient très fiers.

J’ai failli craquer sur le stand d’un mec qui vendait des BD indépendantes.

A un moment, nous nous sommes dit qu'il serait peut-être bon de faire demi-tour. Sandrine m'a fortement conseillé de partir devant pour récupérer la voiture plus vite et les retrouver sur le chemin. A peine avais-je parcouru une centaine de mètres que je suis tombé sur Abassia, l'ancienne nourrice de Vincent, qui était avec son fils et sa plus grande fille. Son fils m'a reconnu mais n'a rien dit et semblait se demander avec de grands yeux ce que je pouvais foutre ici un dimanche matin. Les deux femmes négociaient un prix et ont obtenu gain de cause. J'étais à leur côté mais elle ne paraissait pas me voir. Lorsqu'elles ont repris leur route, des sacs et des caddies dans les mains, je les ai suivies tout en appelant Sandrine. Lorsqu'elle a décroché, j'ai commencé à parler plus fort, lui expliquant que j'avais retrouvé Abassia mais qu'elle ne m'avait pas vu, qu'elle faisait sûrement exprès, etc. Cela a fonctionné. Elles ont fini par me remarquer. Comme elles sont voilées et que je ne sais pas exactement ce que je peux faire en tant qu'homme en leur présence, j'ai préféré ne pas leur faire la bise. Je suis peut-être passé pour un malpoli mais c'est mieux que de les mettre mal à l'aise avec mes lèvres d'homme sur leurs joues de femmes musulmanes.

Sandrine est arrivée quelques minutes plus tard, avec Vincent qui lui tenait la main et qui au fil des pas qui le rapprochait de nous, se cachait doucement derrière sa mère. Sa nourrice semblait vraiment très heureuse de le revoir et en même temps frappée de le voir si grand. Nous avons fait un bout de chemin ensemble. Elles nous ont dit qu'ils pensaient mettre la maison en vente et envisageaient de quitter la France pour tenter leur chance au Maroc. Elles ne se sentent pas bien en France et ne parviennent pas à s'intégrer comme elles le voudraient, avec des regards en coin, des remarques. La fille de la nourrice, voilée depuis son mariage, a arrêté ses études pour accoucher de sa petite fille et ne trouve pas du tout de travail. Elles pensent donc avoir une meilleure vie au Maroc, sous le soleil. J'ai fait la remarque que j'avais l'impression qu'elles baissaient les bras alors même que la France apportait beaucoup de choses et que jusqu'à présent, elles n'avaient quand même pas eu une si mauvaise vie. Elles ont reconnu que j'avais raison mais que c'était facile pour moi, qui n'était ni d'origine étrangère, ni d'une religion que la plupart des gens ont du mal à comprendre.

Je les ai abandonnées pour me diriger vers la voiture. Je suis revenu vers l'entrée de la brocante et j'ai attendu cinq minutes que ma femme et mon fils me retrouvent.

Nous sommes ensuite passés à Bricorama pour acheter la boite double. Ils sont restés dans la voiture pendant que je faisais l'aller-retour dans le magasin.

Dans l'après-midi, pendant que Vincent faisait sa sieste dans sa chambre, et que Sandrine, épuisée, s'écroulait complètement dans le canapé, Stéphane est passé à la maison pour des petits travaux d'électricité, avant que les travaux de peinture ne débutent. Pendant qu'il s'acharnait sur un poussoir, un interrupteur va et vient et un autre avec un voyant lumineux dessus, j'ai commencé à vider notre salon et notre salle à manger. Quand je ne pouvais plus porter les choses seul, j'ai essayé de soutenir l'électricien, en descendant au tableau, en proposant des idées saugrenues.

Après avoir galéré, je ne l'ai pas laissé respirer et il m'a aidé à descendre la table de la salle à manger. Il a fallut passer les pieds par la fenêtre de la salle de bain pour réussir à lui faire passer la porte. Le canapé a demandé moins d'organisation et s'est retrouvé à la cave sans encombre.

Le seul problème que nous avons rencontré fut Sandrine. Elle dormait encore profondément dessus quand nous en sommes arrivés à ce point. Je l'ai réveillée parce que je ne nous voyais pas descendre le canapé avec Sandrine dessus.

Nous avons monté deux trois meubles à l'étage, poussé la bibliothèque et le bahut au centre et soudain, tout était vide et résonnait tristement.

Le soir, après avoir couché Vincent, nous avons regardé la télévision dans le salon. Sandrine avait étendu un plaid sur le carrelage, posé des coussins dessus. La télé et la freebox se tenaient, seules, de l'autre côté, elles aussi à même le carrelage. Il y avait un air de premier emménagement d'un jeune couple qui n'a pas encore de meubles. Nous avons regardé Fatal. Nous étions mal allongés, nous avions froid, et sans trop nous le dire, je crois que nous étions tristes à l'idée de vider et de quitter cette maison dans laquelle nous sommes tous trois si bien.

Lorsque nous avons éteint la lumière avant de monter, nous avons eu un pincement au cœur, ne sachant pas quand nous reviendrions ici.

19.9.11

Une petite aventure de Romain M.

Mardi dernier, nous avions prévu de passer voir ma cousine Julie, tout juste maman pour la seconde fois. Après Clémence, c’est aujourd’hui Victor qui a pointé le bout de son nez.
Elle avait répondu à Sandrine au sujet d’une idée cadeau, qu’en vêtement, le mieux serait de prendre du 6 mois.

Confiante et un peu prise par le temps, Sandrine m’a donné comme mission de trouver un petit truc sympa pour ce nouveau bébé. Le mardi midi, je me suis promené dans le quartier à la recherche de boutiques pour enfants. Mes pas m’ont mené dans plusieurs endroits mais j’ai finalement trouvé mon bonheur au Monoprix.

Dès que je tombais sur des vêtements sympas, j’envoyais une photo à Sandrine pour qu’elle me donne son avis (à la pointe de la technologie…) mais elle n’a reçu aucune photo ou alors très en retard.

J’ai pris un pantalon crème et un petit t-shirt à manches longues bleu marine avec une moto dessus.

Après le boulot, j’ai retrouvé Sandrine à la sortie du RER de Nogent et nous avons marché quelques mètres pour rejoindre l’immeuble de ma cousine, en passant avec nostalgie devant la maternité où Vincent est né.

A peine arrivés, nous avons observé la merveille, sans oublier Clémence.
Un peu plus tard, j’ai fini par sortir les vêtements qui n’étaient pas emballés mais en boule dans un sac plastique monoprix orange (la classe !) et Julie et Guillaume ont poussé les petits cris de rigueurs de quand on nous offre un cadeau mais dans le même temps, Sandrine s’est empressée de regarder l’étiquette et de me dire : « T’as pris du 9 mois ? » Sans me démonter, j’ai répondu : « Oui, pourquoi ? » « Bah, parce que je t’avais dit 6 mois… Je me disais aussi que ça paraissait grand ! » a-t-elle ajouté.
Ma cousine, gentille, a fait remarquer à Sandrine que 9 c’était un peu un 6 à l’envers…
Mon épouse a soupiré. J’ai soupiré et rigolé. Julie et Guillaume se sont regardés, ont regardé Sandrine puis moi et ont fini par dire que ce n’était pas grave. Ce qui était en effet le cas. Et la conversation a repris.

Je me suis alors souvenu que pendant toute ma pause déjeuner, je m’étais répété : « 9 mois, garçon ; 9 mois, garçon » pour finir par prendre du 6 mois.

Non mais c’est quoi mon problème ?

9.9.11

Une parenthèse

Dimanche, en fin de matinée, toute la petite famille était réunie dans la cuisine.

Nous devions recevoir ma cousine, Julie, accompagnée de son fiancé, Guillaume et de leur fille, Clémence… Et de Victor qui a cet instant était encore dans son ventre mais qui se préparait à venir au monde en fin d’après-midi. Elle m’avait appelé pour me dire qu’elle avait des contractions et qu’elle hésitait à venir. Je l’avais convaincue de tenter le coup, quitte à partir en urgence s’il le fallait mais au moins, Clémence aurait été quelque part.

Sandrine avait trouvé une recette sur Internet. J’avais donc posé notre ordinateur portable dans un coin avec la page de la recette ouverte. Elle faisait un peu le DJ en mettant des vidéos de clips depuis YouTube. Il y avait de tout et même « ChériCoco » qui continue à me faire saigner des oreilles. Ne sachant trop quoi faire, comme d’habitude, je fis la vaisselle des ustensiles qu’elle utilisait au fur et à mesure, histoire de ne pas être débordé puis elle me demanda d’éplucher des légumes pour l’apéritif. J’attrapai alors l’économe rouge que ma tante nous a offert lors d’un Noël il y a trois ou quatre ans, qui est assez design, mais avec lequel je me bats à chaque fois tant je n’arrive à rien. Je choisis une chanson d’Adèle, « Someone like you » et m’assis sur une chaise, avec devant moi sur la planche à découper, quelques carottes et un concombre. Lorsque la musique débuta, j’entendis Sandrine qui était sortie de la pièce quelques instants car Vincent l’avait sollicitée ailleurs, faire une remarque : « Oh ! j’adore celle-là ! »

Elle entra dans la cuisine, son tablier en madras autour de la taille, le sourire jusqu’aux oreilles. Vincent l’a suivait affublé lui aussi de son tablier, le blanc et bleu d’Ikea.
Sandrine s’approcha et me tendit la main, pour m’inviter. Je posai mon économe et mes carottes, je m’essuyai les mains dans le torchon et je me levai. Elle me prit alors dans ses bras, m’enlaça même tendrement et nous commençâmes à tourner doucement, rythmés par la superbe voix de la chanteuse.
Il n’y eut soudain plus rien, plus de cuisine, plus de recette, plus de repas à préparer ni d’invités à recevoir. Il n’y eut plus rien que nous deux, tournant, serrés l’un contre l’autre. Je respirais son odeur, le visage dans son cou, légèrement chatouillé par ses cheveux.
J’avais l’impression d’être là où il fallait être, à la place qui était la mienne, qui aurait toujours dû être la mienne. J’étais bien, comme nous ne le sommes qu’à de très rares moments, trop fugaces pour les saisir et déjà qu’un vague souvenir lorsqu’ils nous ont glissés entre les doigts.
Cela me fit penser à ce que je disais à ma mère quand elle ne parvenait pas à rester cinq minutes assise, sans courir à droite ou à gauche : « profite des heures creuses de la vie ». Elle se moquait de moi mais c’est tellement primordial de prendre parfois le temps de tout mettre sur pause et de laisser un instant se passer sans rien…
Juste être là, regarder les nuages, un coucher de soleil, un oiseau qui s’envole, des fourmis en plein travail ou simplement prendre quelqu’un qu’on aime dans ses bras et partager cet amour en le serrant de toutes ses forces.

Une petite voix nous fit subitement revenir dans la cuisine. C’était Vincent qui semblait nous avoir regardés faire notre petit manège. Il avait sa moue habituelle, la lèvre inférieure en avant, les sourcils froncés. « Et moi alors ? » nous dit-il d’une voix plaintive. Nous ouvrîmes nos bras avec joie et il entra dans le cercle. Je me surpris à penser qu’un enfant empêchait ses parents d’être vraiment seuls mais je chassai très vite cette pensée, heureux de sentir mon fils se blottir dans nos bras. Nous nous serrâmes, comme si la fin du monde approchait. Sandrine embrassa Vincent sur une joue, moi sur l’autre. Puis il nous embrassa chacun notre tour. Et finalement, j’embrassai Sandrine sur la bouche, sentant sur ma nuque, la main de mon petit garçon.

Nous tournâmes encore, laissant la musique s’achever.
Vincent chantonna comme un slogan : « C’est la famille Marchais ! la famille Marchais ! »

Jamais, je ne m’étais autant senti appartenir à une famille, à ce groupe que nous formions tous les trois.

Nous reprîmes très vite nos différentes occupations mais pendant que j’épluchais ma dernière carotte, je me dis que cette parenthèse deviendrait sûrement un nouveau refuge pour moi, vers lequel je m’échapperais quand les temps seront plus durs, que les épreuves paraîtront insurmontables…

Je me retournerai vers cet instant volé, vers cette famille serrée, ma famille, et je me sentirai invincible.

6.9.11

Vincent et moi



Un été sans les hommes


Lorsque, après trente ans de mariage, Boris prononce le tant redouté mot pause, Mia, poétesse en mal de reconnaissance, bascule dans la folie, le temps d’une fulgurante “bouffée délirante” qui lui vaut un torpide séjour en hôpital psychiatrique. Car cette pause recouvre une réalité douloureuse : elle s’incarne en la personne d’une jeune et fraîche neuroscientifique à la poitrine éloquente, collègue de Boris devenue sa maîtresse. Privée de la maîtrise des événements puisqu’elle subit l’infidélité de son mari et sa volonté de “faire une pause”, le coeur à vif, d’autant plus accablée que l’harmonie et l’amour avaient toujours régné dans leur couple, et incapable de rester un instant de plus dans un appartement imprégné de leur vie à deux, Mia quitte New York pour aller passer l’été dans son village natal du Minnesota profond, à deux pas de la maison de retraite où vit sa mère depuis la mort du père. Mia rejoint donc Bonden comme on part en convalescence. Cette coupure est l’occasion pour elle, au-delà du simple fait de s’éloigner de l’épicentre du tremblement de terre qui a ravagé sa vie, de se retrouver avec elle-même, de prendre le temps de la réflexion et, chose inattendue, d’aller de découverte en découverte. Ainsi fait-elle la connaissance de sa voisine, Lola, jeune mère de deux enfants fréquemment délaissée par un mari colérique et pour le moins instable, et lie avec elle une amitié sincère, née d’une solidarité féminine tacite et qui représente pour toutes deux autant d’occasions de dépasser leur peine, de rire et de se libérer. Un deuxième cercle féminin se dessine autour de Mia et des sept adolescentes inscrites à l’atelier de poésie qu’elle a accepté d’animer pendant l’été. Au fil des séances, ces jeunes filles, peu coutumières de l’exercice poétique et davantage préoccupées par les garçons, à l’heure des premiers émois amoureux, se mettent à jouer le jeu des mots et se livrent peu à peu, laissant entrevoir les classiques questionnements, conflits et rivalités de l’adolescence. Emue par ce qui ressemble fort à une persécution de l’une des filles du groupe par les six autres, Mia va tenter une forme de médiation par l’écrit, autour d’un jeu de rôles et d’écriture qui mènera chacune à repenser son attitude, sa place, et à s’interroger sur l’identité et l’altérité. A l’autre bout du fil de l’existence, Mia gravite dans la sphère du pétillant quintette d’octogénaires qui a pris ses quartiers à la maison de retraite de Bonden et dont fait bien entendu partie sa mère. Bien que menacées, comme toute personne âgée qui se respecte, par les chutes et l’Alzheimer, ces joyeuses veuves ont en commun une force de caractère qui les démarque des autres. Elles ont un regard différent sur la vie, elles sont libres, rayonnantes, savourent chaque instant et ont appris à vivre heureuses sans leur mari. Mia se régale de leurs histoires, resserre les liens avec sa mère et devient la confidente de la plus espiègle des cinq, Abigail, qui ira jusqu’à lui confier ses plus grands secrets. A un tournant de son existence, à la croisée des chemins, en observatrice attentive de tous les âges de la vie, Mia, nourrie de poésie et de philosophie, interroge son parcours de femme, pose un regard tantôt amusé tantôt amer sur son passé et se livre à une véritable introspection. Grâce à cette parenthèse féminine et féministe, Mia s’ouvre à une nouvelle vision des choses et se découvre. Un moment d’intimité avec ces femmes, articulé autour d’une réflexion dont l’érudition nourrit le plaisir que prendront toutes les générations à la lecture de ce roman solaire. © Actes Sud

127 heures



L’histoire vraie d’un casse-cou qui décide de partir seul explorer un canyon, sans prévenir personne du lieu où il pensait aller. Il tombe dans une crevasse, se retrouve la main écrasée contre une pierre, dans l’impossibilité de s’extirper. Le film raconte les heures qu’il a passées à trouver des solutions pour survivre et pour finalement s’en sortir dramatiquement.  Bien filmé et très bien joué par James Franco.

Dead silence


Un film d’horreur avec une poupée de ventriloque, une malédiction, une femme morte qui ne l’est pas… Je me suis endormi.

Happy few


Un film qui a mis Sandrine mal à l’aise.


Des histoires d’échangisme, d’amour partagé, de sexe libéré… Ce n’est pas très moral et on se demande un peu où va le film.

Les acteurs sont bons et semblent n’avoir aucun problème avec leur nudité mais ça ne fait pas tout.


2.9.11

Les aventures de Romain M. épisode 2

Jeudi matin, Romain M. et son épouse ont quitté leur domicile en voiture. Le chemin entre leur maison et la gare RER est affreusement court mais pour des raisons pratiques, liées à leur activité extraprofessionnelle de la soirée, il était plus simple pour eux d’avoir la voiture directement là en sortant du RER. En effet, le programme était simple : Romain M. quitte plus tôt, récupère la BMW et se dirige vers Auchan. Il commence à faire les courses. Pendant ce temps-là, son épouse s’arrête à la gare de Neuilly-Plaisance et le rejoint pour terminer cette corvée encore plus rapidement. Du coup, ils peuvent rentrer plus tôt à la maison et mieux profiter de leur soirée.

Vers 17h30, Romain M. quitte son poste. Sur le quai du métro, il se plonge dans le roman qu’il lit en ce moment. Il ne le lâche pas du trajet. En sortant de la gare de Noisy-Champs, il tombe nez-à-nez avec une dizaine de policiers qui fouillent des gars. Il n’y a pas de bousculade ni de heurts. On dirait que tout se passe bien, qu’une descente de Police peut se dérouler normalement, que les bandes de ce quartier vont regarder leurs potes se faire fouiller réagir, presque en disant : « Ils représentent la loi et nous devons les respecter ».

D’un œil, Romain M. aperçoit le bus qui le ramène chez lui quitter l’arrêt. Il se replonge dans son livre et s’engage à pied en direction de sa maison. Il lit et évite les obstacles en tout genre, prend parfois le temps de photographier en esprit une scène : un groupe de jeunes assis sur des chaises en plastique, la queue de cheval d’une jeune fille blonde qui se balance…

Dans la grande rue qui descend vers la sienne, il voit une voiture bleue s’arrêter. De là où il se trouve, il ne devine pas le visage du conducteur mais il a reconnu la voiture et sait qu’il s’agit de Jérémie G. Il discute un peu avec lui, de la rentrée prochaine en petite section pour sa fille, de ses vacances, du début du congé maternité pour son épouse, etc. Jérémie G. lui souhaite une bonne soirée et rentre chez lui. Romain M. poursuit son chemin et sa lecture.

Il remonte alors sa petite rue, bien heureux d’arriver chez lui. Lorsqu’il lève les yeux de son livre, il a un instant d’inquiétude car sa voiture n’est pas garée devant chez lui comme à son habitude puis il comprend enfin et pousse à voix haute, un « mais c’est pas possible ! c’est pas possible de faire ça ! ». Il reste pétrifié au milieu de la route, déjà désespéré à l’idée d’avoir à revenir sur ses pas, de perdre autant de temps, et se demandant comment son épouse allait réagir.

Romain M. range son livre et passe chez lui pour récupérer rapidement les grands sacs servant à ranger les courses puis repart. Il téléphone à son épouse et prend sa voix la plus cool possible. Il lui explique. Elle n’a même pas l’air étonné. Il lui propose du coup de ne pas descendre à la gare prévue mais de revenir à Noisy-Champs afin que d’aller directement au Carrefour de Champs-sur-Marne. Elle accepte mais lui envoie un texto qui veut tout dire : « t con ».

Il attrape le bus et parvient à sa voiture assez vite. Il attend son épouse et quand elle arrive, elle lui fait un grand sourire crispé. « C’est un peu pour ça que tu m’aimes, non ? » demande-t-il pour détendre l’atmosphère. « Non, pas vraiment » répond-elle avant d’ajouter « Tu sais qu’il paraît que l’être humain n’utilise que 20% de son cerveau… Eh bien, toi, je ne sais, mais parfois, j’ai l’impression que ce serait plutôt moins, genre 10% ! »

1.9.11

Predictions


Un film avec Nicolas Cage, aujourd'hui, ce n'est pas gage de qualité. Malgré tout, nous avons tenté.
Le départ est intéressant mais après, c'est un peu n'importe quoi. Dommage.

Une pure affaire



Je m'attendais à un film drôle et en réalité ça ne l'est pas trop. C'est plutôt tragique et pathétique par moment. François Damiens est formidable en looser qui essaie de s'en sortir en vendant de la coke.
Un bon film.

Rien à déclarer


Je m'attendais à un film mauvais, voire navrant et finalement, j'ai bien rigolé. C'est limite aussi bien que Bienvenue chez les Chtis !

Les meilleurs amis du monde



Très drôle, avec de bons acteurs (Marc Lavoine moustachu est formidable !).
A voir.

La chance de ma vie



Agréable, plaisant, mignon. On passe un bon moment, frais et joyeux.

Survival of the dead et The zombie diaries



Deux films de zombies. Sûrement pas les meilleurs du genre mais bon...

Triangle


Film difficile à raconter parce que l'intrigue est étrange mais finalement, ce n'est pas trop mal. Une petite surprise de notre été cinématographique.

La vierge froide et autres racontars


Très belle adaptation du célèbre recueil de Jorn Riel.
La création de l'univers de ces hommes du Groenland est très bien rendue. Et les histoires sont souvent très drôles.
Du bon travail, vraiment.

Blast T. 2



Toujours de qualité.
D'une grande sensibilité et d'une grande violence en même temps.

Les aventures de Romain M.

Après trois semaines de vacances bien sympathiques, Romain M. a repris le travail. Le lundi était une journée horrible mais le mardi, ça allait déjà beaucoup mieux. Ce jour-là, il décida, pendant son heure du déjeuner, d’aller jusqu’à la bibliothèque André M. pour rendre les trois BD qu’il avait empruntées fin juillet et peut-être se laisser tenter une nouvelle fois par une nouveauté ou deux.


Il faisait beau et c’était agréable de remonter la rue Vaugirard.

En passant la grande porte de l’immeuble pour se diriger vers l’ascenseur, une jeune fille qu’il n’avait pas vraiment remarquée au début l’interpelle :

Elle : Monsieur, c’est fermé…
Lui (fronce les sourcils, revient sur ses pas et regarde la jeune fille) : Ah bon ? Que se passe-t-il ?
Elle (écrivant plus ou moins un texto en même temps) : Il y a un problème électrique… C’est juste aujourd’hui… La bibliothèque sera ouverte demain.
Lui (ne voyant aucune affiche nulle part annonçant cela, hausse légèrement les épaules) : Ah…
Elle (rangeant finalement son téléphone) : Vous veniez rendre des livres ?
Lui : Oui, c’est ça.
Elle (cordiale, souriante) : Je peux les prendre si vous voulez et je m’en occuperai tout à l’heure…
Lui (souriant) : Ah ouais ? Bah… Ok… (Il ouvre son sac-à-dos, sort les trois BD et les tend à la jeune fille en précisant bêtement ce qu’elle peut voir d’elle-même) Il y a en deux grosses et une petite.
Elle (les garde dans ses mains, toujours souriante ; un rayon de soleil éclaire son œil gauche d’un vert très clair) : Merci.
Lui (en refermant son sac) : Non, c’est moi !

Romain M. se dirigea alors vers une boulangerie de la rue de Rennes pour acheter sa petite salade du midi. Sur le chemin, quelque chose d’étrange monta en lui, une sensation inattendue qui le mit mal à l’aise. Il s’arrêta, se retourna, regarda en direction de l’entrée de la bibliothèque et se demanda soudain s’il n’allait pas voir la jeune fille partir en courant dans l’autre sens, trois BD sous le bras…

Il reprit sa marche, acheta son repas. Il avait l’impression d’avoir dans la bouche un sale goût qui ne voulait pas partir et, surtout, au fond de lui, il entendit un petit rire mesquin qui n’augurait rien de bon.

Il se dit « je viens de laisser trois BD à une inconnue sur le trottoir… je viens de faire ça ? je l’ai vraiment fait ? non ? si ? mais qui peut faire une chose pareille ? qui est assez bête pour faire ça ? sans rien vérifier ? ». Il se dit aussi « mais elle avait l’air de connaître ! et qui peut bien voler des livres de bibliothèque, sérieux ? » C’était un véritable combat dans son cerveau.

Lorsqu’il arriva au jardin du Luxembourg, il fit part de son expérience à ses collègues, Thomas R. et Gabrielle M. et tous deux se marrèrent et se foutèrent immédiatement de sa gueule en lui disant que c’était vraiment sympa de donner des livres, comme ça, pour rien. Romain M. se rendait bien compte désormais qu’il avait eu tout faux, qu’il aurait dû refuser la proposition de cette fille ou qu’il aurait dû vérifier ses propos (la bibliothèque était-elle vraiment fermée pour un problème électrique ? qui était cette jeune fille sans badge ni identité particulière, et qu’il n’avait jamais vu dans les locaux de la bibliothèque ?)

La discussion changea de sujet mais pendant tout le repas, Romain M. s’imagina avec un nouveau lourd dossier sur son cas et trouva que, tout de même, ça commençait à bien faire toutes ces histoires, et qu’il fallait faire quelque chose pour être moins con.

De retour à son poste, Romain M. se connecta au site Internet de la bibliothèque, entra ses codes secrets pour accéder à son compte et découvrit, avec soulagement, un message sur la page d’accueil annonçant que malheureusement la bibliothèque était fermée en raison d’un problème électrique. Après vérification, il observa que ses livres avaient bien été rendus et finit même par se dire que, parfois, être naïf et faire confiance aux autres, ça valait le coup, et qu’il ne fallait pas voir le mal partout…

Le soir, il raconta son histoire à sa femme. Elle n’en revint pas. Elle le regardait, un fin sourire au coin des lèvres, mi-amusée mi-abasourdie par la capacité de son mari à se retrouver dans ce genre de situation.
Elle arriva à la conclusion que, pour cette fois, il avait eu de la chance mais que c’était quand même incroyable cette histoire…

Elle : Le pire, c’est que tu pourrais le faire avec autre chose que des livres… A la banque, par exemple… (Imitant la voix de son époux) Oui, bonjour, je viens déposer de l’argent liquide ? (Imitant la voix d’une inconnue) Ah, mais c’est fermé ! Vous voulez que je le dépose pour vous ? (Imitant à nouveau la voix de son époux, mais avec un accent d’idiot) Bah oui, bien sûr, c’est si gentil !
Lui (riant) : Bah, non, quand même pas ! Je ne suis pas si con…
Elle (plisse sa bouche, lève les yeux au ciel) : …