Les choses simples

19.10.11

La dédicace de David B. à Blois

J'ai rejoint mon stand pour le remettre en état après le cocktail de vendredi soir.
P. me tenait au courant de l'avancée de son épopée. Le remorquage, le garage, le changement de sa roue crevée, etc.
Je me débrouillais tout seul, ce n'était pas le problème, même quand il a fallu installer cinq auteurs en dédicaces d'un coup.
Ce qui m'inquiétait c'était pour la dédicace de David B. Elle avait lieu de 10h à 12h.

P. est arrivé à 11h45. J'ai pu m'échapper et acheter le dernier livre de David B sur le stand BD.
Il y avait du monde mais ils étaient tous pour Jacques Ferrandez et ses Carnets d'orient. Jul était là aussi.

L'auteur était en train de terminer un dessin sur un tome de L'ascension du Haut-Mal. J'attendais qu'il termine, il s'agissait d'un petit garçon qui chevauchait un chat rayé. Quand il a relevé la tête, après avoir terminé, il a souri et m'a dit bonjour.

"Je vous laisse terminé" ai-je dit pour débuter.
"J'ai terminé... Ce sont des dessins que je fais pour des gens qui sont sur des stand et qui ne peuvent pas venir".

Je lui ai tendu le livre, je me suis agenouillé pour me retrouver plus à sa hauteur, mais finalement en contrebas, ce que je trouvais plus correct que d'être au-dessus de lui.
Je lui ai montré mon badge.

"Moi aussi je suis exposant mais je me suis arrangé. Je ne voulais pas vous rater. Je ne m'attendais pas à vous trouver ici, à Blois..."
(Je crois me souvenir seulement maintenant qu'il a passé son enfance à Blois avec sa famille, enfance décrite dans L'ascension du Haut-Mal mais je n'en suis pas sûr...).

Il ouvre le livre à la page qui fait face au titre et débute un personnage tout en courbes et spirales. Il utilise un stylo noir à pointe fine. Il en a un autre à côté lui. Il ne semble pas très grand et légèrement timide. Il a des cheveux mi-longs, poivre et sel. Il porte un pull par dessus une chemise. Il a des lunettes à montures.
Il me faisait penser à Olivier M., mon ancien collègue de la FNAC qui bosse désormais chez Ankama mais sans savoir pourquoi. 
Je cherche des phrases inattendues, une discussion intéressante mais je n'ai que des sujets creux qui me tombent des lèvres. Je lui parle de L'Association, de ce qu'il compte encore publié chez eux après tous ces changements.

"J'ai des projets avec L'Association. Disons que comme j'en suis devenu le président, il y a de fortes chances que je travaille encore avec eux... J'ai l'intégrale du Haut-Mal qui doit sortir dans un mois..."

Je trouve que c'est une bonne nouvelle même si j'ai déjà tous les tomes et que je ne vais sûrement pas me l'acheter.

"Ah, c'est bien ça... Et dans le même format ?"
"Non, un tout petit peu plus petit pour que cela ne fasse pas un trop gros livre et qu'il reste maniable" précise-t-il.
J'étale un peu ma science : "Oui parce qu'ils ont fait La guerre d'Alan dans un grand format qui était très joli mais difficilement transportable".
Il acquiesce.

Son dessin avance et ressemble à un personnage de la mythologie mésopotamienne, Gilgamesh avec une immense barbe spiralée qui tient dans sa main un château ou la tour de Babel et dans l'autre un arbre. Pour dessiner les feuillages, il tourne le livre dans l'autre sens. J'essaie à nouveau de trouver quelque chose à dire mais c'est lui qui me demande sur quel stand je suis. Il me répond qu'il connaît les Editions Belin. Je ne sais si c'est vrai et en réalité je ne tiens pas vraiment à le vérifier.
Je lui demande ou en est son Journal d'Italie dont le premier tome se tenait à Trieste.

"Je prépare le second tome qui se tiendra au Japon. Un journal d'Italie au japon, c'est normal, non ?"
"Je trouve votre univers obsédant et obsessionnel. A chaque livre, je me suis senti happé par votre univers... je ne sais si c'est que vous cherchiez à faire mais en tout ça fonctionne très bien sur moi..."
En prononçant cette phrase, je me suis trouvé niais et voulant se la jouer intello.
Il répond seulement :
"Oui, j'essaie de faire en sorte que le lecteur soit happé dans mon histoire et mes dessins... C'est le but."

Je souris. J'ai encore d'autres phrases creuses à sortir mais je m'abstiens. Je pense à Olivier M., à ce qu'il aurait pu lui dire à ma place. Je ne sais pas s'il faut faire du namedropping pendant ce genre de rencontre. En fait, je crois qu'il faut surtout être soi-même et ne pas trop importuner les auteurs.
J'ai eu mon dessin. Il remet le livre dans le bon sens et me regarde en me demandant :
"C'est pour ?"
 
Je lui donne mon prénom qu'il écrit dans une bulle comme s'il s'agissait des paroles prononcées par son personnage dessiné et il signe en bas à droite d'un David B. attendu.
Je reprends le livre, remercie l'auteur et repars vers mon stand, le livre ouvert entre mes mains, comme si je portais un plat très chaud ou une statue très fragile. Je reviens le sourire aux lèvres mais un peu bête.

17.10.11

La grande maison


Je ne suis pas sûr d’avoir tout compris ni de savoir où se trouve finalement ce bureau aux 19 tiroirs, pièce centrale de ce roman de Nicole Krauss, auteur du merveilleux L’histoire de l’amour.
L’écriture est d’une qualité rare, avec un style juste. Je n’ai pas lu un livre aussi bien écrit depuis longtemps. Chaque personnage est mis en avant au sein d’un chapitre qui semble être une nouvelle à part entière… Cependant, petit à petit, des noms reviennent, un détail réapparaît, et on s’aperçoit qu’ils sont tous liés, de près ou de loin, à ce bureau envoûtant (aux Etats-Unis, en Angleterre et en Israël).
Certains personnages sont plus profonds que d’autres, avec des histoires plus secrètes, plus enfouies, mais l’ensemble se tient. Je pense qu’il doit y avoir plusieurs niveaux de lecture pour ce roman, des images plus profondes que celles que j’ai découvertes. C’est un livre à la fois très simple et très complexe.

Le tour du monde en 80 livres



Livre offert par l’auteur avec une petite dédicace. Il s’agit du patron de la maison d’édition qui publie l’ouvrage et avec qui j’ai travaillé pendant deux ans.

Le résultat de ce projet dont j’entends parler depuis plusieurs mois est de bonne qualité. L’auteur a rassemblé 80 livres dans des grandes parties, les présente, explique pourquoi ils ont marqué sa vie, ses choix et fait de lui l’homme qu’il est aujourd’hui. Il se confie aussi parfois mais laisse surtout la place aux grands auteurs qu’il veut mettre en lumière ici. Le livre donne envie de lire d’autres livres, de voyager, de partager ce qu’on a vu, ce qu’on a senti en partant, en rencontrant d’autres personnes, d’autres cultures. On ne voyage pas dans 80 pays différents mais on prend le temps de découvrir le monde, par petites touches…