Les choses simples

27.6.07

Ne t'avise pas de mourir avant moi !

Mardi soir

J’ai dû quitter le boulot à 16h30 car j’avais un entretien.

En effet, la veille, un ami de Fanny, J., ancien collègue de la FNAC, qui bosse désormais pour leur site Internet m’a parlé d’un poste urgent qui se présentait pour l’été dans le secteur livre.
J’ai appelé son responsable dans la journée et nous avons immédiatement fixé un rendez-vous pour la fin de journée.

J’ai attrapé le métro puis le bus et je suis arrivé dans une zone industrielle d’Aubervilliers, glauque, composée de hangars numérotés dont certains ressemblaient à l’arrière d’une boutique des puces, et d’autres à de jolis bâtiments modernes.
J’ai un peu tourné pour trouver le bon endroit mais je suis tout de même arrivé un peu avant l’heure.
J’ai attendu quelques instants près de l’accueil en lisant mon livre puis le responsable est venu me chercher : baraqué, chemise ouverte, cheveux noirs légèrement bouclés.

L’entretien a eu lieu dans une petite salle de réunion.

Il m’a expliqué le poste, la mission, les conditions de travail.
J’ai expliqué mon parcours et essayé de me vendre.

Ils ont besoin de quelqu’un pour lundi et jusqu’au 20 août à peu près, sans aucune chance d’être prolongé.

J’ai ensuite rencontré un mec de la DRH, grand, fin, cheveux mi-longs, des pattes fournies sur les joues, un petit air efféminé. Il me serre la main de la main gauche en me montrant un grand pansement blanc, une poupée presque, qui recouvre son majeur. Il me met à l’aise, plus facilement que le responsable, me poste trois questions et me laisse le temps d’y répondre.
Il me donne ensuite des informations pratiques notamment au sujet du salaire qui est un tout petit moins élevé que ce que je gagne en ce moment, sachant que mon salaire actuel est à deux doigts de l’esclavagisme…

Nous nous donnons deux jours pour réfléchir. Pour ma part, c’était déjà presque mort à la moitié de l’entretien mais on ne sait jamais, la nuit peut porter conseil.

J’ai retrouvé J. qui éteignait son ordinateur et m’avait attendu pour rentrer.
Je n’étais pas vraiment préparé à rentrer avec quelqu’un que je ne connaissais pas très bien, avec qui j’allais devoir faire la conversation pour éviter les blancs embarrassants. J’avais plutôt prévu de finir tranquillement mon livre. Mais il m’avait attendu et il avait pensé à moi pour ce poste alors je ne pouvais pas me défiler. Nous avons parlé de la pluie et du beau temps mais je suis arrivé à Neuilly presque sans m’en rendre compte.

Sandrine est venue me chercher. Elle m’a laissé le volant et nous sommes allés à Chelles, chez une collègue à elle à qui nous devions livrer du Champagne. Nous avons discuté avec elle dans sa rue, admirant sa nouvelle voiture.
Elle a regardé la notre et a dit à Sandrine : « Vous avez eu un petit souci ? ».
Avant même que Sandrine ne réponde, j’ai dit, faussement étonné : « Ah oui ! Tu as vu chérie, on nous a volé une partie du pare-choc, on n’est vraiment pas en sécurité dans la région ! ». (Toujours le mot pour rire...)
Sandrine m’a fait un sourire, l’air de dire, ‘ah, ah, très drôle mais tu ne vas pas t’en sortir comme ça’ et a répondu à sa collègue que j’avais eu du mal à voir ce qu’il y avait devant moi dans la rue commerçante de Noisy et que j’avais foncé dans la marche à fond de première, débout sur l’accélérateur (j’exagère un peu mais dans l’esprit, c’était ça…).

Quelques minutes plus tard, alors que nous étions en direction de Neuilly, et que j’observais distraitement les maisons en me disant que ça pourrait être pas mal d’habiter dans le coin, Sandrine m’a soudain prévenu qu’il y avait un dos d’âne et que j’arrivais bien vite dessus. Je n’ai pas vraiment eu la possibilité de freiner et je l’ai pris à pleine vitesse. Sympa les montagnes russes !
Comme je n’arrête pas de faire des bourdes au volant, j’ai proposé à Sandrine de conduire à ma place… mais elle n’aime pas conduire… Alors, je crois que nous allons nous mettre au vélo.

A la maison, nous avons mangé et Sandrine s’est installée pour regarder les épisodes de Grey’s Anatomy.
J’ai regardé le premier avec elle et je me suis retenu pour ne pas pleurer (je suis un mec, un vrai, je ne pleure devant une série sentimentale ; j’avais quand même les yeux bien rouges).

Pendant ce genre de scènes (quelqu'un qui est en train de mourir et son mari qui pleure en priant le ciel de ne pas lui enlever la femme qu'il aime ou un truc dans le genre), je me tourne vers Sandrine et je ne peux m’empêcher de lui dire comme une menace de ne surtout pas mourir avant moi et elle me répond les dents serrées que moi non plus je n’ai pas intérêt à mourir avant elle.

Quand on regarde ça, on se projette, on imagine, on s’identifie et des scènes horribles défilent dans nos têtes…
Qu'aucune personne proche ne s’avise de mourir avant moi !!!

Je me suis occupé de quelques affaires administratives qui traînaient depuis quelques jours sur le bureau, j’ai cherché du boulot sur Internet et j’ai terminé mon livre.
Ensuite, devant ma bibliothèque, j’ai laissé mon regard errer un long moment sur tous ces livres en cherchant celui que j’allais bien pouvoir commencer. J’ai finalement opté pour un thriller, ça va me détendre.

Ce midi, j’ai mangé avec mon père. Il a l’air d’aller mieux. En tout cas, il a des choses à dire…