Les choses simples

22.6.07

Répétition générale

Jeudi soir

En rentrant du boulot, je suis resté 8 minutes à la maison, luttant contre l’appel du canapé, et j’ai attrapé ma pochette rouge où le texte de la pièce Linge sale repose depuis trois ans avant de monter dans ma voiture.
Il y avait du monde sur la route. Du coup, je suis arrivé dix minutes en retard. Ils étaient tous là et le décor était déjà en place.
Nous avons discuté quelques minutes du chemin pour se rendre à la salle, de l’heure du rendez-vous, débattu pour savoir s’il fallait manger avant ou après, si on prenait cette perruque plutôt que celle-là…
Puis, nous avons fait un filage, sans jouer mais en jouant quand même… Nous avons tous eu des trous de mémoire, des oublis au sujet de la mise en scène, comme si on allait jouer cette pièce pour la première fois, comme si ce n'était pas la deux cent millième répétition.
Nous n’étions pas prêts et je ne suis pas sûr que nous le serons ce soir. Seul point positif, dans les passages qui vont bien, nous nous amusons et nous sentons que nous tenons enfin la pièce, que nous nous l’approprions (mais ces passages-là ne sont pas si nombreux…).

C’est dur d‘être depuis si longtemps sur cette pièce.
Quand je la lis, je me sens partagé. Je commence à la détester et en même temps, je ne peux pas m’empêcher de l’aimer. Je connais la plupart des répliques des autres, à part les grands monologues, et j’en viens même, dans la vie quotidienne à penser avec ces répliques. Si quelqu’un me dit « j’ai vomi ce matin », j’ai envie de lui répondre « mais moi aussi, j’ai vomi ce matin, ça dépend de ce qu’on a mangé la veille », réplique qui hors contexte ne veut plus trop rien dire et ne fait pas spécialement sourire.
Quand je viens aux répétitions, quand je sais que nous allons jouer, j’ai envie de dire que c’est la dernière fois, que j’arrête tout, et en même temps, je ne veux pas laisser tomber la « troupe » et j’ai dû mal à abandonner mon personnage et la pièce en elle-même. C’est comme une rupture après trois ans de vie commune. Et puis jouer, monter sur scène, même dans des petits patelins (que même Jean-Pierre Pernaut ne connaît pas), c’est quand même surtout pour ça que je suis là… Pour jouer face au public (même 20 personnes)… Pour être sur scène et jouer mon personnage à fond…
Quand je regardais le spectacle des enfants de l’école de Laetitia, je me moquais un peu, je souriais, mais au fond de moi, je les enviais. J’aurais donné beaucoup pour être sur scène avec eux, devant la salle, pleine à craquer, pour écouter ces applaudissements.

Après la répétition, nous avons démonté le décor et nous l'avons rangé dans la voiture de Paul. Efficace, tout le décor tient dans le coffre d’une voiture, on pourrait même jouer dans la rue si on voulait. Spectacle itinérant. On s’arrête, on plante le décor, on joue, on fait tourner un chapeau pour la recette, puis on démonte, on range le décor et on va ailleurs… Une vraie vie de saltimbanque. On pourrait...

Je suis rentré. Pendant que je mangeais, Sandrine regardait une émission sur une chaîne de la TNT où ils proposent à une famille de refaire leur maison en 7 jours, et pendant ce temps, ils essaient de te transformer, te relooker, te psychanalyser.
Genre, ta famille pourrie vit dans une maison pourrie, inscris-toi à l’émission ! C’est un mélange entre D&CO, Cconfessions intimes et Relooking extrême. De la merde fait avec de la merde…

Pas de fête de la musique cette année. C’est l’âge sûrement…

Sandrine, épuisée, s’est couchée tôt. Moi, je me suis rasé le crâne et la barbe puis j’ai regardé le plan pour aller à Moret-sur-Loing, là où nous jouons ce soir. J’ai lu un peu et je me suis couché en me disant que ça commençait à fortement me manquer de ne pas faire de sport.
J’ai besoin de me dépenser, de suer, de courir, de sauter, de crier, d’avoir des courbatures… Mais il est encore trop tôt. Ma blessure aux adducteurs n’est pas encore guérie, je pense.

Dans mon boulot, je passe mes journées à saisir des dossiers. J’imagine toujours que je vais tomber sur un particulier que je connais, un ami, quelqu’un de la famille et puis, parfois, je me dis que je pourrais tomber sur une personne que j’ai perdu de vue, sur quelqu’un qui a disparu de ma vie depuis plusieurs années : étrangement, j’ai d’abord pensé à Jacques ou à Sébastien… Ils ne me manquent pas mais juste par curiosité, j’aimerais bien savoir où ils sont et ce qu’ils font de leur vie aujourd’hui.
Et puis en même temps, à quoi bon ?

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

c'est étonnant de lire tout ce que tu fais de ta vie. et ça me dérange de l'apprendre seulement en le lisant. certainement un peu de nostalgie, l'impression de manquer beaucoup de choses...

22 juin, 2007  

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