Deviner la fin...
Jeudi soir
En rentrant à la maison, j’ai à nouveau senti une bonne odeur de chocolat. Je m’attendais à des petits moelleux mais Sandrine m’a immédiatement prévenu qu’il s’agissait d’un gâteau pour l’anniversaire de son oncle et que je ne devais pas y toucher avant ce soir.
J’ai dû faire une petite moue de tristesse. Elle a souri et m’a dit que je pouvais encore lécher la casserole. Je me suis jeté sur les restes de chocolat. A la fin, ce n’était même plus la peine de la laver.
Je crois que je suis un peu gourmand.
Nous avons regardé un épisode de Dexter, l’avant dernier. Difficile de se lever et de partir quand la fin approche à grands pas et que la tension est à son comble.
Nous avons mangé chez la mère de Sandrine. Son oncle José était là. C’était son anniversaire et Lourdes, sa fille, est venue manger avec nous. Il était content. Il a pu souffler ses bougies, ouvrir son cadeau. Sa fille lui a offert un téléphone portable. Elle a essayé de lui expliquer comment appeler, recevoir, comment envoyer des textos. La mère de Sandrine trouvait que ça faisait trop d’informations à retenir d’un seul coup.
C’est fou ce fossé qui existe entre leur génération et la notre, les portables, les DVD, les ordinateurs, Internet, la télévision, les MP3, etc. Toutes ces choses qui sont dans notre quotidien aussi normalement que le four ou le frigo pour eux.
Nous sommes partis en même temps que Lourdes.
Nous avons regardé le dernier épisode Dexter. Waaou !!
Sandrine avait tout deviné depuis le début. Vraiment tout…
Difficile de croire que personne ne lui a soufflé le dénouement mais bon, c’est ma femme, je suis obligé de lui faire confiance.
Avant de me coucher, j’ai passé un peu de temps sur le site de l’INA. J’ai pu voir le journal télévisé du jour de ma naissance ; voir Albert Camus parler de son adaptation des Possédés ; Patrick Modiano parler de Rue des boutiques obscures ou Boris Schreiber d’Un silence d’environ une demi-heure après avoir reçu le Prix Renaudot, « Je croyais, j’ai toujours cru, que je faisais partie des exclus mais non, je me rends compte que je peux être inclus », toujours le goût des phrases fortes.
Aujourd’hui, il fait beau.
A 5h du matin, j’ai ouvert les yeux et je me suis levé croyant que c’était l’heure, Sandrine m’a retenu et quand le réveil a sonné à 6h, j’avais l’impression d’être dans le flou, que tout était bizarre, pas comme d’habitude.
Sandrine s’est levée vers 6h20, prêt à prendre son petit déjeuner avec moi. C’est beau l’amour !
Le plombier doit venir dans l’après-midi pour notre plafond. Ce soir, j’aurais peut-être un trou qui me permettra de mieux entendre mes voisins, peut-être même de les voir… Génial !
Je continue à récolter au fond de ma mémoire des scènes perdues, enfouies, oubliées.
C’est à la fois excitant et troublant.
Quand on creuse, on ne sait jamais sur quoi on va tomber : puits de pétrole ou ossements.
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