Les choses simples

22.6.09

Les disparus




FNAC.com
"Avec ce livre sur les origines de sa famille maternelle décimée dans les camps nazis, l’auteur a voulu écrire une sorte de À la recherche du temps perdu. Vingt ans après sa mort, Daniel a découvert dans les affaires de son grand-père vénéré, des lettres que lui avait adressées son frère Shmiel, le suppliant de lui envoyer de l’argent pour fuir la Pologne. En vain. Que s’estil passé? De ce mystère naît la texture émotionnelle de ce récit brillant, Prix Médicis étranger 2007.
Qu’est-il arrivé à Shmiel Jäger, à son épouse Ester et à leurs quatre superbes filles ? Pour leurs parents émigrés en Amérique, ils sont morts au tout début de l’occupation de la Galicie par les Allemands, dénoncés par leur bonne polonaise.

Né en 1960 Daniel Mendelsohn, petit neveu de Shmiel, a toujours douté de cette version officielle, et, dès son enfance, s’est mis en quête de la vérité.
Ce livre est à la fois le résultat d’une vie d’enquête, et le récit de cette enquête elle-même.

Un récit volontairement tortueux : tout est dit quand l’auteur compare la narration classiquement chronologique de la bible à celle de l’Iliade, fourmillante d’histoires dans l’histoire.

Daniel Mendelsohn ne se contente pas de compiler les témoignages pour retracer le destin de ses Disparus. Il livre aussi les circonstances dans lesquels ils ont été recueillis, les histoires des témoins, et la façon dont il a retrouvé leurs traces.
Celles-ci l’ont conduit en Australie, en Israël, au Danemark, et bien sûr à Bolechow, cité galicienne dont est originaire sa famille et où Shmiel, seul, était resté.

Au fil de ses recherches, la véritable histoire des Disparus se fait jour. Frydka, fille de Shmiel, a aimé un jeune catholique qui est mort avec elle ; sa sœur Lorka a elle aussi survécu aux premières Aktionen avant de rejoindre la résistance et d’être rattrapée par la barbarie nazie…

Mais cette enquête n’est pas qu’historique. En s’attachant autant aux faits qu’à la psychologie et à l’entourage de ses Disparus, l’auteur donne à son livre l’allure d’un atelier proustien, où le lecteur voit, à force de détails accumulés peu à peu, le passé ressusciter sous ses yeux
."
J'avais pour ma part beaucoup de choses à dire au sujet de ce livre qui m'a beaucoup touché. Au-délà du récit familial, de la recherche généalogique, de l'histoire d'une enquête personnelle, il y a quelque chose d'universelle qui parle à tous.
Ce livre m'a donné envie de poser des questions à ma famille, de profiter de l'histoire (la petite comme la grande) que contient chacun de nos proches.
Ce livre m'a fait repenser à mon oncle G. qui pendant une réunion de famille nous avait demandé (à Sandrine et moi) de bien écouter ce que racontait un vieux monsieur (un cousin par alliance de ma mère et ma tante je crois) en nous disant de manière solennelle que "c'était de l'Histoire". A l'époque, ça nous avait fait rire. Aujourd'hui, je regrette un peu...
Il m'a surtout donné envie (encore un projet à ajouter sur ma liste des projets que je ne ferais peut-être jamais) d'enquêter à mon tour sur un mystère familial, de découvrir ce qu'on m'a caché derrière des "je t'en parlerais plus tard", "quand tu seras plus grand, on discutera de tout ça", expressions courantes du côté paternel.
J'ai soudain envie de savoir ce qui se cache derrière ce suicide, le 20 juin 1990...