Les choses simples

1.4.09

Le téléphone arabe

Attention, il faut suivre !

Hier midi.
T. m’accompagne pour aller chercher la commande de japonais pour tout le service.
Plusieurs mails avaient été échangés dans la matinée avec le nom de SD la stagiaire dans la boucle. Ce qui est assez rare car elle est un peu étrange, du genre Flora (pour ceux qui s’en souviennent) ou Hélène Panayouyou (pour les autres) ou juste une fille timide, bizarre, qui pourrait très bien arriver au bureau avec un fusil à canon scié pour tous nous trucider.

Sur le chemin, T. m’explique pourquoi.
T : T’es au courant pour SD ?
Moi : Non.
T. : Elle a perdu son frère. Il s’est suicidé.
Moi : Non ?
T. : Si. Ils n’avaient pas de nouvelles de lui depuis trois jours et là, ils l’ont retrouvé, mort. Il s’est suicidé quoi !
Moi : Et elle est là aujourd’hui…
T. : Bah oui, c’est étrange. Si un truc pareil m’arrive, moi je ne viens pas, je reste avec ma famille.
Moi (cherchant toujours des excuses à tout le monde) : Peut-être qu’elle n’était pas très proche de lui ou qu’elle n’aime pas sa famille…
T. : Ouais. Enfin, c’est pour ça qu’on l’a mise dans la boucle pour lui proposer un truc avec nous. Mais pas de réaction… S. lui a envoyé un petit mail pour la soutenir mais pareil, pas de réponse. En même temps, moi aussi je n’aurais pas envie de répondre.
Moi : Tu m’étonnes. Et comment vous avez appris ça ?
T. : C’est P. qui l’a dit à I. qui l’a ensuite transmis à tout le bureau.

Nous continuons à parler de ça, partageant notre incapacité à trouver les mots dans ces situations, et encore moins devant elle avec qui nous n’avons aucune affinité.

Plus tard, à table, alors que T. n’est pas encore revenu dans son bureau, je demande à D. si elle est au courant de la nouvelle pour SD.

D. : Non. Quoi ?
Moi : Elle a perdu son frère. Il s’est suicidé.
D. : Non ? Arrête ?
Moi : Ils n’avaient pas de nouvelles de lui depuis trois jours et ils l’ont retrouvé mort.
D. : C’est bizarre…
Moi : Comment ça ?
D. : M. (une collègue qui travaille dans le même bureau que SD) a perdu son frère hier. Il était malade depuis quelques mois déjà.
Moi : Non ?
D. : Si ! Et SD l’a accompagnée à la gare.
Moi : Attends ! C’est un truc de ouf ce que tu me dis là… Elle aurait inventé toute cette histoire auprès de P. ? Pourquoi ? Pour qu’on s’intéresse à elle ? C’est vachement grave !
D. : Je ne sais pas mais oui c’est grave…

Lorsque T. arrive, ainsi que V. et S., je demande à D. de transmettre aux autres cette information capitale.
Ils restent tous sans voix, les yeux éberlués. Nous la trouvions déjà vraiment étrange mais là, ça atteignait des sommets. Nous continuons à parler de ça jusqu’à ce que je vois apparaître SD venue réchauffer son plat et nous souhaitant, souriante et polie, un bon appétit. Nous coupons court à la conversation. Un silence embarrassant s’installe. Pour deux raisons : si elle a vraiment perdu son frère, que dire ? Si c’est faux et qu’elle a tout inventé, elle nous fait quand même hyper peur…

Après manger, D. remonte les sources de l’info.
V., un autre collègue qui travaille dans le même bureau que M. et SD, est interrogé à ce sujet. Il nous dit que c’est bien M. qui a perdu son frère hier, son jeune frère, non pas celui qui était malade mais l’autre… et que personne ne l’a accompagnée à la gare.
D. qui avait eu l’info de la part de G. appelle G. immédiatement. Elle lui dit qu’elle avait eu elle-même l’info de Z. D. appelle Z. qui lui confirme avoir vu SD et M. partir ensemble en milieu d’après-midi, mais qu’il ne pouvait en effet pas confirmer qu’elle l’avait accompagnée jusqu’à la gare.
Pendant ce temps-là, V. appelle la DRH pour savoir quelles infos ils ont. Ils sont bien au courant pour M. mais pas pour SD.

Résultat des courses, une partie pense qu’à la base de l’info, P. a mal compris ; une autre partie pense qu’elle aurait pu tout inventer.

Finalement, après vérification : M. a malheureusement perdu son petit frère (aucun suicide dans l’affaire) et SD l’a bien accompagnée à la gare. SD avait donc raison d’être au boulot mais on ne comprend toujours pas pourquoi elle n’a pas répondu au mail de soutien de S.
Et c'était bien P. qui a la base de tout avait mal compris.

1 Comments:

Blogger Claudia said...

Peut être qu'elle estimait tout simplement que le mail de soutien était déplacé et qu'elle n'avait pas à se justifier auprès d'un collègue qui en temps normal n'en a rien à faire d'elle.
Enfin c'est ce que j'en pense...

01 avril, 2009  

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