Les choses simples

1.6.08

Trois entretiens dans la même semaine !

J’ai encore une fois parcouru le chemin qui me sépare des éditions Gallimard. Je descends la rue Férou, je traverse la Place Saint Sulpice, je m’engage dans la rue du Vieux-Colombier puis dans la rue de Sévres avant de tourner dans le Boulevard Raspail. Je passe devant la librairie Gallimard. A la station de métro, Rue du Bac, je jette un coup d’œil sur l’horloge, toujours bloquée sur 13h. Je traverse le Boulevard Saint Germain pour entrer dans la rue du Bac et le rue de Montalembert. J’observe les deux hôtels de luxe ainsi que le restaurant de Joël Robuchon et je vois enfin au bout de la rue, la lourde porte en bois. Je regarde ma montre, il est 17h28.

J’entre. Je m’annonce à nouveau auprès de la jeune fille de l’accueil et je vais m’assoir sur mon fauteuil (au bout de trois fois dans la même semaine, on peut considérer qu’il m’appartient).
Je suis en costume. J’ai ma veste à la main, mes manches de chemises retroussées et je suis évidemment en sueur.
J’attends un bon moment. J’en profite pour lire un petit peu et sécher tranquillement.

Vers 18h, l’hôtesse m’informe que je peux monter. Elle m’indique le chemin.
Je prends l’ascenseur pour atteindre le 4ème étage. En sortant, je vais sur la gauche mais je me rends compte assez rapidement que ce n’est pas le bon chemin. Je reviens donc sur mes pas et arpente le long couloir parsemé de photos en noir et blanc, notamment une d’André Malraux.
J’entends la voix du directeur commercial, voix que je connais pour l’avoir déjà entendue lors de notre dernier séminaire. Il me rencontre dans le couloir alors qu’il règle un problème entre une femme qui semble être son assistante et une autre personne. Il me serre la main et m’invite à l’attendre dans son bureau.

Je m’assois sur le siège de gauche, pose ma veste et ma sacoche sur l’autre. Il me laisse seul le temps de régler ses soucis du vendredi soir. J’en profite pour observer son bureau. La pièce est très grande, entourée sur deux murs d’une bibliothèque impressionnante, composée de tous les titres Gallimard, dans toutes les collections, parus dans les dernières années. Folio, L’imaginaire, La Pléïade, Blanche… Les livres sont en plus bien rangés, par collections, le rêve pour moi.
Mon CV est sur son bureau. Je vois que certaines parties sont stabilobossées, notamment « gestion des offices », « création d’articles » et « saisie ».

Quand il entre dans le bureau, il s’excuse de m’avoir fait attendre si longtemps. Il s’installe dans son fauteuil qui a l’air hyper confortable. Il débarrasse la table de deux cartes de visite et d’une tasse de café déjà utilisée. Je remarque un détail physique que j’avais déjà noté lors de notre précédente rencontre. Il semble avoir un problème sur le côte droit du cou, comme s’il était paralysé ou vraiment très gêné car il ne peut pas tourner la tête de ce côté-là.
Dans un premier temps, il me demande si cet entretien est confidentiel ou si mon patron est au courant. Je lui ai répondu que mon patron savait que je cherchais du travail mais il ne savait pas que j’étais là. Il a hoché la tête et m’a rassuré en disant qu’il ne dirait donc rien quand ils se verraient.
Il m’explique une nouvelle fois le poste mais en me précisant bien que son but est de m’en dégoûter pour que, si ça m’intéresse toujours, je lui montre vraiment ma motivation. Il me rappelle que le boulot n’est pas très drôle, que c’est surtout des tableaux, des données, des chiffres de vente, etc.
La responsable m’en avait déjà parlé mercredi donc je ne suis pas surpris ni même dégoûté mais je continue à penser que le poste ne fait pas rêver.
Pour la troisième fois dans la même semaine, je raconte mon parcours. Je suis plus à l’aise. Je sais ce qu’il faut dire, sur quel détail appuyer pour argumentation. Le directeur commercial m’écoute avec attention. Il m’interrompt parfois pour me poser une question.

A la fin, il me dit qu’il trouve mon parcours très intéressant, avec des expériences enrichissantes qui m’ont donné la possibilité de bien connaître une grande partie de la chaîne du livre. Il précise qu’il trouve que j’ai une sensibilité littéraire indéniable, que ça se sent mais il a l’impression que le poste qu’il me propose n’est pas vraiment un poste pour moi. Il me dit qu’il sent que je suis surtout à l’aise avec les relations extérieurs, la partie commerciale avec du relationnel, et que ce poste n’a rien de tout ça, que c’est surtout des tableaux, des données, etc.
Il me dit également que le service commercial va évoluer, qu’une personne doit partir en retraite l’année prochaine, qu’il ne sera peut-être pas trop tard pour moi de repostuler à ce moment-là. (Je me dis que ce n’est pas très bon signe d’entendre ça…)

Nous parlons littérature. Il me fait de nouveaux éloges sur mon CV puis met fin à l’entretien. Il se lève et avant de me laisser partir, il me demande si je souhaite lire un livre paru chez eux récemment. En prenant mon temps, je pourrais en trouver, au moins 250 mais je réagis assez vite en me souvenant d’un article survolé dans le dernier numéro de Lire sur le dernier livre de François Nourrissier à propose des ravages de l’alcool chez son épouse. Il le cherche, le trouve et me l’offre. Je le remercie en espérant qu’il ne s’agisse pas d’un cadeau de consolation…
Il m’accompagne dans le couloir, nous nous serrons la main. Il me dit qu’ils devraient se décider vite et que j’aurais une réponse dans le courant de la semaine prochaine.

Je rentre chez moi avec une impression mitigée sur cet entretien, bien moins confiant qu’après les deux autres. J’ai bien senti que le directeur commercial ne me voyait pas dans ce poste, non pas parce qu’il ne m’en croyait pas capable mais surtout parce qu’il le pensait pas exactement à la hauteur de mes expériences. Je pense qu’il ne tient pas à me faire venir ici en me mentant sur un poste génial. Il a préféré jouer la franchise sur ce sujet. C’est vrai que je ne suis pas sûr de le trouver très enrichissant ce poste mais c’est vrai aussi que mettre un pied chez eux, c’est un avantage incroyable et que si des postes se libèrent, c’est quand même mieux d’être déjà à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur.
Bref, j’attends. Je ne suis pas déçu ni angoissé car ma situation actuelle n’est pas critique. J’ai un boulot assuré jusqu’à fin septembre dans une entreprise qui me plaît. On verra bien.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Tu vas devenir un pro des entretiens....
Je croise les doigts pour que ça marche!

Bisous

Clo

02 juin, 2008  

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