Les choses simples

13.8.07

Ranger, c'est trier et jeter.

Vendredi

J’ai retrouvé Sandrine dans le RER à Gare-de-Lyon et nous sommes rentrés ensemble. Dans le bus, à deux ou trois arrêts avant le notre, Sandrine m’a fait remarquer qu’on pouvait voir au-dessus de la porte d’une vielle maison une rangée de choses "pandouillantes" et qu’on pouvait imaginer qu’il s’agissait de bras d’enfants. Nous avons continué sur le sujet et rigolé un certain temps à ce sujet. Ma voisine faisait de gros yeux.
Nous avons retrouvé le père de Sandrine qui finissait les dernières retouches de la penderie du garage. Après son départ, nous nous sommes détendus et nous avons préparé les affaires de piscine.
Nous nous sommes garés devant la piscine de Gagny vers 18h. Les Pinto sont arrivés un peu après. Devant la porte, un grand panneau indiquait que le bonnet de bain était désormais obligatoire. Nous nous sommes tous regardés, ahuris et déçus face à cette nouvelle. Aucun de nous n’avait de bonnet de bain. Malgré tout, nous avons monté les marches et découvert, placardées sur les portes, d’autres affiches nous informant à nouveau pour le bonnet. Puis, près de la caisse, une autre affiche enfonçait le clou. Micaël tenait Alexia dans ses bras.
Nous nous observions pour savoir qui allait prendre la décision de faire demi-tour et de partir, mais étrangement, nous avons décidé qu’il fallait que quelqu’un demande si c’était vraiment obligatoire. Micaël s’est porté volontaire et a demandé derrière la vitre si le bonnet de bain était bien obligatoire, si c’était sûr, s’il ne pouvait pas y avoir d’exception.
J’avais l’impression d’être dans La Cité de la peur quand Alain Chabat demande à Chantal Lauby, qui a derrière elle, une vingtaine de panneaux indiquant qu’elle est bien Odile Deray, si elle est bien Odile Deray.

Sur le parking, nous avons proposé d’aller à la piscine du Perreux. Dans les rues de Neuilly-Plaisance, Sandrine a voulu m’indiquer un chemin mais nous nous sommes trompés. Je voyais dans mon rétro les Pinto nous suivre sans rien dire, même quand nous nous sommes retrouvés dans Fontenay ou Rosny avant de revenir au Perreux et de trouver. Sandrine et moi, pris dans le délire de notre erreur et désolés de les faire tourner comme ça, nous avons fait semblant de nous engueuler dans la voiture, une sorte de dispute violente, avec baffes et coups de poings, mais il fallait le vivre pour trouver ça drôle…

A la piscine, ils nous ont ouvert les vestiaires du bas, que je ne connaissais pas, et qui ont deux tables à langer. Nous étions seuls, VIP quoi, grâce à Alexia.
Nous nous sommes changés. Difficile d’être à l’aise dans nos maillots de bain que nous n’avions pas porté depuis longtemps, tous les quatre exemptés de vacances cet été. Pour ma part, j’étais allé à la piscine pendant le premier mois de mon chômage donc ça ne me semblait pas si lointain.
Micaël a pris Alexia avec lui. Les filles sont passées de leur côté. Dès la douche, le jet d’eau et le bruit sûrement, Alexia a commencé à pleurer, comme si elle avait eu très peur. Laetitia et Sandrine sont arrivées, alertées par ses pleurs. Elle s’est calmée dans les bras de sa mère mais alors qu’elle entrait dans le petit bassin dont l’eau était peut-être un peu froide, elle a pleuré à nouveau. Nous avons essayé de l’occuper, de la faire rire, de démystifier un peu le truc énorme qu’elle était en train de vivre. Je crois qu’elle s’est sentie mieux quand une autre maman qui était là avec son bébé, a prêté à Laetitia une petite bouée blanche. A l’intérieur de celle-ci, Alexia semblait mieux, pas encore sure d’elle et de l’élément dans lequel elle barbotait mais quand même bien mieux qu’au début.
Micaël et moi, nous avons nagé un petit peu dans le grand bassin. Je lui ai tout de suit fait comprendre que je n’étais pas un bon nageur. J’aime l’idée d’être dans l’eau, d’avancer à coup de brasse tranquille et d’aller toucher le fond de la piscine en retenant ma respiration, vieux souvenir du Grand Bleu. Mais nager le crawl, j'en suis incapable.
Alors qu’ils étaient assis sur un banc, sous leur serviette, je jouais dans l’eau avec le canard en plastique d’Alexia. Je le remplissais d’eau et faisait gicler de petits jets. A un moment, j’ai appuyé un peu plus fort et le jet a bien parcouru deux bons mètres pour passer à quelques millimètres d’une vieille dame qui descendait l’échelle. Sandrine m’a fait remarquer qu’on venait de passer à côté d’un éventuel accident grave. Le jet aurait pu l’atteindre en plein visage, lui faire perdre l’équilibre ; elle se serait cogner la tête et serait morte.

Après la piscine, nous sommes tous rentrés chez nous. Nous avons très vite rejoint les Pinto devant chez eux, juste le temps de faire sécher les serviettes et nos maillots de bain.
Chez Fanny et Seb, un joli buffet avait été dressé. Fanny avait fait de bonnes choses, simples et délicieuses. Un très bel apéritif dinatoire. Pour la première fois, elle avait laissé la télévision, attendant avec impatience le début de Secret Story.
Alexia a pleuré en voyant Seb. Il ne l’a pas pris pour lui, à cause de sa barbe ou de ses cheveux, elle avait juste très faim : la piscine, ça creuse. D’ailleurs nous avons tous sauté sur le buffet et manger jusqu’à n'en plus pouvoir. Heureusement, j’avais gardé une place pour le fondant au chocolat qui pour le coup était vraiment fondant vers le milieu et vraiment hyper délicieux. Tous mes efforts de la semaine sont partis en fumée face ce fondant au chocolat.
Stéphane avait dit qu’il viendrait après le dîner, pour le dessert mais à 23h50, il m’a passé un coup de fil pour me dire qu’il était trop tard, que leurs invités venaient juste de partir. Tant pis pour eux et tant mieux pour moi, pour le fondant.

Nous sommes partis vers une heure du matin mais nous avons discuté encore une bonne heure dehors près de nos voitures. La petite dormait à l’intérieur. Sandrine dormait debout, m’envoyait des signaux gros comme des maisons pour qu’on rentre mais comme elle participait de temps en temps à la conversation, je me disais que c’était bon, qu’elle pouvait encore tenir. Jusqu’au moment où elle a fini par me fixer avec de grands yeux et que Laetitia se décide à couper court à la discussion. Nous aurions pu discuter comme ça toute la nuit j’imagine.

Samedi

Réveil à 8h30, petit-déjeuner rapide et à 9h15, nous étions en tenue dans notre cave, en train de ranger. Comme d’habitude, ranger, pour Sandrine, ça signifie trier et jeter. Pour moi, ça veut dire, trier et déplacer. Mais elle a toujours de bons arguments et je me rends compte que ça ne sert en effet à rien d’avoir tout ça, au fond de ma cave, au fond d’un carton.
J’ai jeté des papiers que j’avais gardés comme des reliques de mon premier passage chez Albin Michel ; j’ai jeté des nids à poussières auxquels j’avais accordés une étagère entière dans ma chambre d’enfant (des figurines de dauphins en plastique, un dauphin dont la queue est un décapsuleur) ; j’ai jeté tous mes tickets de cinéma (27 ans de cinéma aux Arcades et un peu partout ailleurs, mais j’ai gardé le ticket du Diner de cons, film que j’avais vu avec Sandrine quelques jours avant le début de notre relation) ; j’ai surtout jeté ma boîte remplie de tickets de caisse de la FNAC, regroupant les tickets correspondant à des livres (j’ai très honte d’avoir gardé cela, je l’avoue…). J’ai jeté, jeté et encore jeté. Et chaque objet, chaque feuille, chaque boîte me fendait le cœur. J’avais l’impression à nouveau d’enterrer une partie de mon passé.
Et puis, quelques heures plus tard, j’ai eu la sensation d’être un homme nouveau.

Le père de Sandrine a passé la matinée à découper des portes de placard coulissantes qui étaient dans l’appartement à notre arrivée, et qu’il nous avait conseillées de ne pas jeter. Elles servent désormais de portes coulissantes pour la penderie de notre garage.

Vers 12h30, nous avons retrouvé la mère de Sandrine chez elle et nous avons mangé tous ensemble.
Dans l’après-midi, elle est venue avec nous. Elle et moi, nous avons passé le reste de la journée à nous chercher pour de petits détails. J’avais l’impression qu’elle voulait mettre son grain de sel partout, qu’elle voulait proposer des idées en les imposant en douceur. Je me sentais complètement inexistant à ses côtés. Chacun de mes arguments semblait le plus idiot du monde. Susceptible comme je suis, j’ai eu un peu de mal à lui tenir tête face à elle mais j’ai quand même tenu le coup et en fin de journée, alors que je venais de supposer que les murs du salon et de la salle à manger n’étaient peut-être pas de la même longueur, et que ma belle-mère venait de lâcher un rire méprisant sur ma suggestion ridicule, le père de Sandrine qui mesurait le mur pour autre chose a vérifié et en effet, ils n’étaient pas de la même longueur, il y avait 30 centimètres de différence. J’ai ressenti une certaine fierté, comme une victoire. Un truc un peu puéril mais qui fait tellement de bien.

Après leur départ, nous avons fait une micro sieste et nous nous sommes préparés. Vers 20h, nous étions chez la mère de Marion pour un dîner en remerciement de l’aide fournie auprès d’elle et de Sylvain lors des travaux dans sa salle-de-bain. J’ai posé quatre carreaux, balayés un peu le chantier et hop me voilà avec Sandrine devant du foie gras, du Champagne et un bon vin blanc ; ça valait le coup.
Très bonne soirée. La mère de Marion est une femme intéressante, vivante, intelligente. Maxime a dormi et nous n’avons pas pu la voir ; la prochaine fois peut-être…

Dimanche

Nous nous sommes réveillés un peu avant 10 heures et nous en avons profité pour aller dans la zone commerciale de Claye-Souilly traîner dans des magasins de bébé. Les poussettes, c’est cher ; les fringues, c’est cher ; les chambres, c’est cher. Tout est cher dans le bébé. Difficile de se sentir concerné, de réaliser que tout ça va être vrai dans quelques mois. Ça parait très loin et ça va sûrement passer très vite.
Nous nous sommes arrêtés dans un magasin appelé Babou, sorte de grande surface qui est un mélange entre la Halle aux chaussures, aux vêtements, Gifi et Flash Bazar, le bonheur pour Sandrine.
Nous voulions aller à l’Alinéa de Villeparisis. Nous nous sommes garés sur le parking mais c’était l’heure de déjeuner et nous avons préféré passer par le McDo d’abord. En sortant, épuisés, manquant de sommeil, nous avons pris la décision de rentrer directement et de faire une bonne sieste.
J’ai dormi de 15h à 18h30, et le reste de la soirée, nous l’avons passée l’un contre l’autre, devant la télé, à surtout ne rien faire. Regarder ensemble les épisodes d’Urgences, le dernier épisode de The Nine, décevant bien sûr.
J’ai fini mon livre et je me suis couché, heureux d’entamer cette semaine plus courte que les autres.