Les choses simples

10.7.09

Un départ discret

Petit à petit, l’info du départ de mon patron a fini par se répandre. En même temps, il faisait acte de présence le matin et partait tranquillement après déjeuner, sans préciser où il allait et pourquoi.
Ce départ a évidemment été le sujet de toutes nos conversations.
Mes collègues qui avait réussi à taire leur rage depuis mon arrivée et mon côté, « oui, mais bon, mettez vous à sa place", s’en sont donnés à cœur joie, faisant revenir à la surface tous les souvenirs les plus scabreux ainsi que les noms d’oiseaux les plus incroyables. Ils ont parlé d’une époque qui n’était pas la mienne, d’un homme qui n’était pas celui que je connaissais. Je ne pouvais pas mettre en doute ce qu’ils me disaient mais je ne pouvais non plus approuver et jouter des détails. J’écoutais et essayais de les comprendre.
Ce qui était pour eux un soulagement, un juste retour des choses et une vengeance, était pour moi un quasi abandon et une petite déception. Je m’entendais bien avec lui, il m’a donné ma chance ici et m’a finalement trouvé un CDI (bon, pas tout seul mais quand même…)

Au fil des jours, le dossier qui existait déjà et dont j’avais entendu tous les articles à mon arrivée, deux ans plus tôt, a été rouvert. Aucune circonstance atténuante, aucun point positif, que du mauvais, de l’incompétent, de la grossièreté, etc.
Je comprends que les rapports employés – patrons puissent être conflictuels mais là, ça dépassait le milieu professionnel. Certaines attaques étaient sur le physique.

Mardi, dans l’après-midi, je me suis retrouvé dans le bureau du marketing où tout le monde avait son argument pour enfoncer le clou, dresser un portrait du personnage encore plus bas que terre. Chacun redoublait de verve pour trouver encore mieux que le précédent. J’écoutais en souriant mais je n’avais rien à dire. Doucement, je me suis éclipsé du bureau.
Je ne vais pas pleurer à cause de ce départ mais je ne partage pas leur enthousiasme. Pour moi, nous parlons de deux personnes différentes. Le plus fou, c’est que tout cela dépasse également notre propre service. Je n’ai pas rencontré une seule personne que ça touche même un petit peu. Il y a véritable consensus autour de cet homme : il est incompétent et c’est une bonne chose qu’il parte.

Mercredi

Pendant la réunion de préparation du prochain séminaire, notre PDG a annoncé de nouvelles manières de travailler, des procédures plus strictes, afin d’être plus performant. La plupart des remarques qu’elle a faites, je les avais notées sur une feuille volante que j’avais fait lire à Laurence, deux jours plus tôt. Ma PDG m’a volé toutes mes idées mais bon, je n’ai rien dit…

Midi

Avec mon collègue Olivier, nous sommes retournés au Club Med Gym pour 45 minutes de squash. Il a eu une petite fille six mois plus tôt et a du mal à reprendre le sport. Au bout de trente minutes, il montrait des signes de fatigue ; nous avons fini le dernier quart d’heure en dilettante.
Nous allons essayer d’y aller au moins une fois par semaine.

Soirée du mercredi

Alexia et Mélina n’ont pas trop eu envie de dormir. J’ai grondé Alexia (avec l’accord de Micaël juste à côté et le soutien de Laetitia, juste après, quand elle a su) car elle avait touché notre grand cadre du salon… J’ai eu un peu de mal à rester ferme jusqu’au bout, me disant que bon, ce n’était pas ma fille mais je connais suffisamment les Pinto pour savoir qu’il cautionnait… Malgré tout, ce n’était pas évident, elle me jetait ses yeux noirs qui en disaient long…

Jeudi

Mon patron m’a donné, de manière un peu solennelle, sa carte de boissons ainsi que sa clé de café. Comme une transmission de patrimoine. C’était touchant qu’il pense à moi. Du coup, Dalila s’est offert un petit café et nous avons bu deux canettes de coca-light dans la journée. Merci patron.

Vendredi

A mon arrivée, mon patron avait déjà le manteau sur le dos, prêt à partir. Il a pris du temps pour me prévenir que je ne devais pas trop m’investir ici, que c’était très prenant, qu’il y avait une bonne ambiance mais que ça pouvait me bouffer… Un peu avant 10h, il a quitté son bureau, me faisant un signe de la main et hop, il est parti, discrètement, dignement… en tout cas, sans entendre la majorité des gens dire des saloperies sur lui… Il n’a pas dit au-revoir à l’équipe, n’a pas envoyé de mail à l’ensemble de la société, comme certaines personnes ont pu faire à la fin d’un CDD…

Mes collègues ont été choqués de ne pas avoir eu un au-revoir de sa part, ce qui est assez étonnant vu les rapports qu’ils ont avec lui, qu’espéraient-ils finalement ?

Dans la matinée, j’en ai profité pour aller dans son bureau et récupérer un livre que Gallimard lui avait filé, qu’il m’avait prêté et que je n’avais pas terminé, n’ayant pas trop accroché : La métaphysique des catastrophes.

Le midi, j’ai accompagné le service au jardin du Luxembourg où nous avons trinqué pour plusieurs choses, mon CDI, les vacances, le licenciement arrangé de Sophie et le départ du patron : Champagne et rosé. Deux bouteilles couchées. Une ambiance étrange. Certains lui souhaitaient du mal, ce que je trouvais vraiment extrême et cruel, d’autres étaient seulement soulagés.

J’ai trouvé ça triste finalement, ce départ en silence, par la petite porte, sans rien ni personne.

En tout cas, le plus important, c’est que je suis en week-end pour 4 jours.

1 Comments:

Blogger Claudia said...

C'est la dure réalité de la vie dans les entreprises... jamais contentes! Toujours les premiers à critiquer et si ton ancien boss avait di aurevoir á tout le monde ils l'auraient critiquée en disant "genre le mec il ne nous parlait jamais et il est cynique au point de nous faire la bise comme si de rien était!"
Dans qq temps certains voudront le rejoindre et diront qu'au fond au fond il n'était pas si mal 8ou pire diront q C un gros connard mais bon)...
Bienvenu á la réalité de la vie!

14 juillet, 2009  

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