Les choses simples

12.6.07

Notre vie est plutôt cool en fait

Dimanche soir, alors que nous allions nous coucher, nous avons entendu du bruit au dessus de chez nous, comme si on venait de faire tomber un sac de billes. Et tout de suite après les cris d’une femme, comme si quelqu’un se faisait égorger, et ceux d’un homme, avec une sorte de bousculade. Ensuite, une troisième voix a résonné : « c’est toujours la même merde avec vous ! ». Toute cette scène a peut-être duré trois minutes, peut-être moins mais avec une certaine dose d’intensité et de violence.
Sandrine me regardait. Nous étions silencieux, attentifs aux moindres bruits. Elle m’a dit : « On devrait peut-être faire quelque chose ». « Ce ne sont pas nos affaires » ai-je répondu, espérant réellement que les choses n’empirent pas et que nous ne soyons pas obligés de nous en mêler.
Quand les voix ont fini par s’atténuer au-dessus, nous nous sommes couchés. Sandrine s’est vite endormie. Pour ma part, je tendais l’oreille vers le plafond, à l’écoute d’une explication, d’une révélation et comme rien ne venait, j’ai fini par m’assoupir.

Lundi soir, j’étais à la maison vers 18h. D’habitude, je vais chercher Sandrine vers 18h45 mais là, elle m’a dit que je pouvais rester à la maison pour me reposer et qu’elle prendrait le bus, mais qu’en contrepartie, il me fallait préparer le dîner, ce qui représentait un marché plus que raisonnable. J’ai donc d’abord commencé par m’affaler sur le canapé pour regarder la fin d’un épisode de la saison 1 de Grey’s Anatomy (je veux comprendre ce qu’il y a de si bien dans cette énième série dans le milieu médical…). J’ai mis la table, préparer le dîner et attendu que ma femme arrive.
Quand l’interphone a sonné, c’était ma mère et il était déjà 19h35. J’avais une faim de loup et je commençais à me manger les doigts. Sandrine a finalement pointé le bout de son nez dix minutes plus tard, n’ayant pas répondu à mon harcèlement téléphonique. Après avoir fermé la porte, elle nous a dit d’une voix de comploteuse, qu’elle était en train de parler depuis une demi-heure avec la voisine du dessus. Il faut savoir que nous ne parlons pas vraiment avec nos voisins, nous essayons même plutôt de les éviter, juste bonjour au-revoir et c’est déjà pas mal. Certains ont déjà essayé de discuter avec nous, notamment une dame étrange qui m’a écrit une lettre dans laquelle elle m’appelle voisin Romain et me propose de venir boire un café chez elle quand je veux… J’en ai froid dans le dos.
Bref, tout ça pour dire que si Sandrine s’est arrêtée c’est que l’épisode de la veille était toujours présent dans sa mémoire et qu’elle voulait en savoir plus. En fait, c’est la dame qui a intercepté Sandrine pour s’excuser au sujet des cris de la veille et par la même occasion se lancer dans un « 3615 jeracontemavie ». Un mari alcoolique et coureur, une vie triste et misérable, son seul bonheur c’est ses enfants (et son chien…), des clichés et encore des clichés. Elle va le quitter. Il la croit folle. Il boit, gueule, s’excuse et ça recommence. Que du bonheur ! Confessions intimes au-dessus des chez nous, quoi ! Je ne sais pas si ce sont eux ou nous qui partiront les premiers mais je crois bien qu’ils ne vont pas trop nous manquer !

Ma mère nous a filé quelques petits souvenirs de Sicile et elle est rentrée chez elle. Ses vacances l’ont épuisée…

Nous avons observé la force de Super Nanny face à des enfants mutants et des parents transparents puis nous nous sommes replongés dans la vie incroyable de Jack Bauer, l’homme qui ne dort pas, qui ne va jamais aux toilettes, qui ne sue pas, qui crie tout le temps, qui tue des gens et qui sauve le monde. Quand on regarde un épisode de 24, quand on entend nos voisins, on se dit que finalement, notre vie, elle est plutôt cool…

Ce matin, au boulot, j’ai discuté avec un intérimaire qui est en CDD depuis deux mois. Il m’a prévenu qu’il gagnait 1070 € net pour 40 minutes de boulot en plus par jour… Cette nouvelle m’a un petit peu refroidi et je ne suis plus très sûr de vouloir accepter le CDD. Je m’étais promis, après l’expérience de la FNAC, de ne plus jamais gagner une paie aussi faible… Et en plus, si c’est pour saisir de dossier de crédit toute la journée… Mon allocation ASSEDIC est presque identique. Le système est ce qu’il est et il ne me pousse pas à accepter un tel poste. J’ai encore quelques jours pour réfléchir mais je ne suis pas très motivé.

J’ai remarqué également que je ne prenais pas de pause.
Ce n’est pas nouveau mais j’ai essayé de comprendre pourquoi.
1° Je suis un bouffon et j’aime travailler. Une pause est synonyme de culpabilité si je vois un responsable.
2° Je ne fume pas.
3° Je n’aime pas le café.
4° Je suis associable au boulot. Je me mettrais dans un coin avec un livre et je ne renverrais pas une image agréable.
Pourtant, ça doit faire du bien de faire une pause…

Ce midi, j’ai mangé avec Adeline. Nous étions au soleil, assis sur un banc du square Louis XVIII (je crois, en tout cas, c’est un Louis). Nous avons eu une discussion à la fois nostalgique et lucide sur la vie en générale, sur ce que nous voulions devenir et sur ce que nous sommes devenus et sur le fait d’avoir finalement fait comme tout le monde, d’être doucement rentré dans le moule, d’avoir suivi le troupeau…

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'adore ton analyse du "pourquoi je ne prends pas de pause" : GENIALE !

13 juin, 2007  

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