Les choses simples

9.2.11

Les aventures de Romain M (30 ans)

Depuis plusieurs années, l’épouse de Romain M. souhaitait acheter une tête de lit. Dans leur appartement, cela n’avait jamais été une priorité mais cette fois-ci, dans la maison, les choses sont différentes. Elle montre donc à Romain M. ce qu’elle a trouvé chez IKEA. Un dimanche matin, il se décide donc, pendant que sa femme et son fils se promènent dans la marché de la ville, à aller acheter cette tête de lit. Avant de descendre de voiture, son épouse lui demande s’il pense que l’objet en question rentrera dans la voiture. Romain M. regarde l’habitacle, essaie de se souvenir des différents meubles qui ont pu transiter dans cette voiture, envisage le carton et se dit que oui, pas de problème, ça va rentrer.

Dans le magasin suédois, tout va très vite. Il sait où aller, prend les raccourcis pour éviter le parcours obligatoire et n’achète aucune bougie-décorative-qu’on-allume-jamais. Il fait la queue, paie et rejoint l’espace où des numéros sont appelés pour récupérer les commandes qui ne sont pas en libre-service. Il attend peut-être 10 minutes en regardant sur les écrans disséminés un peu partout Téléfoot sans le son.

Lorsqu’il récupère enfin les deux cartons sur le chariot, l’angoisse commence à monter. Il dirige l’engin comme il peut dans l’allée et dans le parking. Devant sa voiture, une BMW 325 TDS qui possède un coffre et non un hayon, Romain M. a une goutte de sueur qui glisse dans le creux de son dos. Il ouvre la portière du passager, abaisse le siège au maximum, gagne de la place où il peut et tente enfin de faire entrer le carton le plus grand. En diagonale, par la porte arrière, derrière le conducteur, le carton passe. Par contre, il est bloqué par l’autre porte, de l’autre côté. Romain M. fait le tour et ouvre la fenêtre pour gagner des centimètres. Il retourne à son poste et manœuvre doucement mais rien n’y fait, il manque peut-être cinq centimètres. Il décide d’avancer le siège du conducteur et reprend son entreprise.

Au bout d’une demi-heure, après avoir retiré son bonnet et son manteau tant il avait chaud, il parvient à faire entrer le carton, puis le second, plus petit, très facilement. Ce n’est pas idéal pour conduire, avec les genoux sur le volant et un bout de carton qui gène le passage des vitesses mais bon…

A 12h, Romain M. se gare devant chez lui. Il retire le petit carton et le dépose contre la porte de sa maison. Confiant, il attrape le grand carton et commence à essayer de le sortir. Il force, écorche, égratigne, à la fois le carton et certains endroits de la voiture (levier de vitesse, sièges, etc.) mais ça ne passe pas. Soudain, Romain M. ne se souvient plus du tout comment il était parvenu à faire entrer ce carton maudit quelques minutes plus tôt. Comme s’il avait réussi un Rubikscube sans noter chaque mouvement. Il tente alors le coup par une autre porte mais sans succès. Il retire à nouveau son manteau et son bonnet, et même son gilet car il sent que cela risque d’être sportif. Il empoigne le grand carton des deux mains et le guide vers la sortie mais ça ne passe toujours pas. Cependant, en le reposant à sa place, le carton heurte le frein à main. La voiture grince un peu puis, comme la rue est en pente, descend vers la voiture du voisin. Romain M. lâche tout et retient à deux mains et de toutes ses forces sa voiture (c’est assez lourd une BMW 325 TDS). Forçant sur ses pieds et ses bras, il tourne la tête, paniquée, cherchant du regard une personne qui passerait par là, un voisin à sa fenêtre ou son épouse mais il n’y a que le ciel bleu de ce dimanche de janvier et quelques oiseaux. Il finit par lâcher la voiture et se jeter sur le frein à main. La voiture du voisin était encore loin mais quand même, il n’avait pas besoin d’une telle frayeur.

Toutefois, il faut bien recommencer à sortir ce carton. Il reprend tout à zéro, essaie de penser « espace », « physique » ou « logique » mais se rend compte très vite qu’il n’est pas vraiment un spécialiste. Il refait des mouvements qu’il a déjà essayés, en imagine de nouveaux qui n’ont aucun sens. Le frein à main se désenclenche une seconde fois mais il est cette fois plus rapide. Il a chaud, est en sueur. Son épouse le rejoint. Elle s’inquiétait de ne pas le voir arriver alors que la voiture était garée depuis au moins 20 minutes. Romain M. expliqua, tête basse, la galère dans le parking d’IKEA puis celle qu’il rencontrait à nouveau depuis son arrivée. « Et tu te souviens pas comment tu l’as rentré ? » demanda-t-elle. « Bah non, pas vraiment… mais je suis sûr que c’était par cette porte… » répondit Romain M. en montrant la porte arrière derrière le conducteur. Elle voulut prendre les choses en mains, attrapa le carton d’un côté pendant que son mari le portait de l’autre. Il n’allait pas dans le même sens, voulait tous les deux avoir raison. Résultat, Romain M. finit par dire qu’elle ferait mieux de rentrer et qu’elle ne l’aidait pas beaucoup. Elle quitta les lieux, vexée. Tout allait bien.

Elle se posta à la fenêtre et admira le spectacle, avec un petit sourire.

Vingt minutes plus tard, essoufflé, le carton écorché de partout, l’intérieur du véhicule blessé à plusieurs endroits, la tête de lit s’extirpa enfin. Romain M. posa le tout contre la grille et repositionna les sièges, les vitres, les portes avant de rentrer. Il se sentait à la fois fier et ridicule… Sa femme ne fit aucune remarque.

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Alors elle est comment cette tête de lit???? Vivement que je la voie!!!
Bravo Romain M.!!

09 février, 2011  
Anonymous Olivier said...

Les aventures de Romain M. c'est la meilleure série du monde. Hyper apériodique, mais du lourd à chaque fois ! MOn héros !

09 février, 2011  
Blogger Claudia said...

Bravo a Romain M et surtout à sa femme qui ne lui a pas dit "avec ma méthode ça ferait 20 minutes que tu serais à la maison!"
Bisous à tous les 3 du Portugal

10 février, 2011  
Blogger ma petite vie said...

ça me rappelle une galère similaire, ou sur le parking de la cette enseigne! en voulant faire rentrer une armoire de 1m90 dans une ford fiesta de 1m50... j'avais entendu le pare brise se briser!!!
cela dit ça rentrait après...

11 février, 2011  
Anonymous Anonyme said...

ahahahhahahah!!!

11 février, 2011  
Anonymous Anonyme said...

heureusement que c'était la bonne tête de lit...

15 février, 2011  

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