Les choses simples

16.1.09

Trop frais !

Mercredi

J’ai toujours un peu de mal à sortir la tête de l’eau au travail. Les journées passent très vite et il faut à la fois régler les urgences qui étaient déjà urgentes la semaine dernière ainsi que celles de cette semaine qui arrivent chaque jour.
Le midi, j’ai quand même accompagnée Dalila et Ginette au restaurant Le Petit Fernand où j’avais déjà emmené Adrien la dernière fois.
Les plats sont tellement bons que c’est très difficile de ne pas prendre entrée – plat – dessert. Ca creuse le portefeuille et rempli le ventre mais c’est un vrai régal alors bon on s’en fout.

Sur le chemin, nous sommes passés près du Marché Saint-Germain. Des SDF traînaient là, organisés autour de sac de couchage, de matelas, d’affaires disparates. La vitrine de la boutique contre laquelle ils étaient appuyés annonçait des remises exceptionnelles à -50 %. Ginette souriait en regardant vers eux et nous a dit : « Vous avez vu, ils font des prix en ce moment ! Vous voulez lequel ? » Ce n’était sûrement pas méchant mais j’ai quand même trouvé ça moyen.
Je ne moque pas des sans abris. Je fais peut-être pire, je ne les vois pas…

En retournant au bureau, nous avons emprunté une rue par laquelle je ne passe pas souvent et là, alors que nous passions juste à ce moment là, Isabelle Carré est sortie de son immeuble. Ouvrant une énorme porte en bois, elle s’est ensuite dirigée vers la Place Saint-Sulpice, son sourire naïf aux lèvres, ses yeux brillants derrière ses petites lunettes. Elle portait une bouteille de Volvic Citron coincée sous son aisselle gauche. Elle était habillée d’un pantalon de survêtement, celui qu’on ne met que le dimanche. Je l’ai dévisagée une longue minute, coupant court à la conversation que nous avions avec Dalila, fasciné par cette femme que j’ai toujours trouvée magnifique notamment depuis La femme défendue.

Depuis notre soirée de jeudi dernier, une rumeur court sur moi comme quoi je serais un danseur hors pair. C’est ironique bien entendu mais certaines de mes collègues sont venues me voir (merci Facebook…) pour me demander de leur faire un pas de danse. Je ne me suis pas exécuté prétextant qu’il fallait être en situation. Je ne danse pas bien, ça c’est sûr mais la manière dont je danse est vraiment personnelle.

Ceux qui me connaissent bien savent que je fais souvent des bruits de digestion étranges qui ne sont pas des rots mais qui semblent venir du fond de ma gorge et qui ressemblent en gros à la façon de parler de Chewbacca dans Star Wars.
Au boulot, j’ai essayé pendant longtemps de me contenir ou de faire ça discrétement mais je ne peux pas vraiment les retenir. Avec Dalila, qui est dans le même bureau, à 1m50 à tout casser, je n’ai pas pu me cacher bien longtemps. Maintenant qu’elle est au courant, je me lâche et laisse parler le monstre qui est au fond de mon estomac.
Thomas m’a également grillé lors d’un appel téléphonique pendant lequel je n’étais pas très attentif. Il y a eu un blanc et il m’a dit ; « T’as rôté là, gros porc ? » J’ai essayé de me défendre mais ce fut difficile.
C’est désormais au tour de Laurence qui était dans notre bureau hier et qui m’a entendu. J’avais oublié sa présence et je me disais que c’était bon. Elle m’a regardé avec de gros yeux et un grand sourire : « C’était quoi ça ? » J’ai dû rougir et répondre : « Bon, il faut que je t’avoue quelque chose »
Elle et Dalila ont conclu que je n’étais peut-être pas de la même planète ou que j’avais peut-être un problème et qu’un médecin pourrait éventuellement m’aider.
J’en avais déjà parlé à notre médecin qui m’avait dit qu’il fallait manger moins vite et boire moins de boisson gazeuse. J’ai essayé, ça n’a rien changé.
Bref, tout ça pour dire que le vernis s’effrite autour de l’image du Romain du début de contrat… Oui, je fais des bruits bizarres ; oui, je vais souvent aux toilettes et avec un livre rangé dans un sac FNAC ; oui, je suis d’accord avec tout le monde, je ne prends pas trop partie (Thomas m’appelle « le Suisse ») ; oui, je crois que je vis dans le monde des Bisounours… Mais c’est aussi pour ça qu’on m’aime (je crois…) !

Repas chez les Pinto. Si ça devient une habitude de venir manger chez eux tous les mercredis, il va falloir penser à un pot commun et à une organisation pour qu’elle n’ait pas toujours à faire à manger pour nous, à nous offrir ses cacahuètes, son Coca, ses pâtes et ses yaourts… Il faudrait que chacun ramène quelque chose.C’est un peu ce qui a été fait d’ailleurs mercredi puisque Stéphane et Elodie ont apporté de quoi faire des pâtes à la carbonara et nous le pain…
Vincent et Alexia se sont endormis sans problème comme s’ils s’adaptaient l’un à l’autre. Tant mieux pour Alexia qui va devoir dormir avec sa petite sœur dans les prochaines semaines.

Nous avons encore passé un bon moment à essayer de deviner le prénom de la petite. Laetitia a donné un nouvel indice et assez rapidement, Elodie a proposé un prénom assez original, en tout cas auquel je n’aurais pas pensé, et là Laetitia, que Stéphane observait attentivement, a eu un temps d’arrêt et une réaction différente des précédentes. Nous avons poursuivi nos recherches mais Stéphane sentait bien que nous avions mis le doigt sur quelque chose.
Il semblerait (mais la confirmation n’a été donnée qu’aujourd’hui) qu’Elodie était tombée juste. Pour ma part, je ne voulais pas spécialement connaître le prénom à l’avance, je préfère les surprises et je me dis que ça peut toujours changer d’ici l’accouchement. Même si je rassure Laetitia, j’aime beaucoup celui qu’elle semble avoir choisi pour le moment…

J’ai charrié un peu Stéphane au sujet de la bague qu’Elodie lui a offert pour fêter leur premier anniversaire d’amoureux. En fait, j’étais hyper content pour eux, et un peu ému il faut l’admettre. Cet échange de bague peut n’avoir aucune signification mais pour moi, qui suis toujours un romantique, ça veut dire quelque chose. C’est déjà le premier pas vers l’engagement, le futur, etc.
Je suis très heureux pour eux et j’envie même ce moment indéfinissable où tout est possible, où justement l’avenir s’offre à nous et que nous n’avons que des choix devant nous et non les conséquences de nos choix. C’est une période toute particulière celle du début, même du grand début, quand les choses se mettent en place. Parce qu’il arrive un moment où tout s’est mis en place, où les chemins qu’on a tracés se sont ensuite tracés tout seul nous emportant dans la folie des journées, du temps. Et quand on regarde en arrière, on ne peut s’empêcher, même si on est très heureux aujourd’hui, de se dire : « Et si là, à cet instant, j’avais été à gauche plutôt qu’à droit ? Et si j’avais eu le courage de faire ça plutôt que ça ? De tenter ma chance ici plutôt que là ? De dire oui quand j’ai dit non, ou non quand j’ai dit oui ? » Réflexions frivoles et inutiles car rien ne sert de revenir sur le passé car il est déjà justement « passé ».

Jeudi

Ce soir, en marchant dans la rue qui mène au gymnase de la Gaieté, au Perreux, je me disais que désormais je craignais encore plus la blessure grave, comme mon genou en 2003, car je sais que ça m’éloignerait des terrains trop longtemps et que je n’aurais peut-être même pas le courage de me faire opérer…
Après cinq minutes d’un jeu sur tout le terrain, je me suis tordu la cheville en retombant. J’ai encore mal (il est 1h30 du matin) mais ça n’a pas gonflé ni viré au bleu.
Un peu plus tard, alors que je défendais avec un nouveau arrivé mardi, un grand black imposant et costaud, fait de muscles et d’un peu de gras autour du ventre. Un mec qui peut donner de belles baffes. Et là, sans faire exprès, le hasard a voulu que ma mâchoire se situe juste au dessus de son coude alors qu’il relevait son bras. J’ai senti qu’elle n’avait pas trop aimé. J’ai eu du mal à fermer la bouche pendant plusieurs minutes et à manger à mon retour à la maison. Ca va un peu mieux maintenant mais ce n’est pas encore ça. Je crois bien qu’il m’a déboîté la mâchoire.

Un mec avait apporté du Champagne pour fêter la naissance de sa fille, Lali, née mardi dernier. Ce qui porte à trois le nombre de papas dans l’équipe.
J’ai l’impression d’arriver peu à peu à m’intégrer mais ce n’est pas simple. Je reste toujours un peu en retrait. J’ai dû mal à me passionner pour le football ou à parler en gueulant des « Ca va ma gueule ? » Un autre mec qui vient juste de revenir de trois mois au Canada discutait avec un joueur. Ce dernier lui demande : « Alors c’était bien le Canada ? » L’autre répond avec cette expression des jeunes d’aujourd’hui : « Ah ouais carrément ma gueule ! C’était trop frais ! »
Le Canada c’est trop frais ! Fallait y penser à celle-là ! (Surtout en hiver, ai-je failli répondre mais je me suis dit que je pouvais facilement me prendre un gros bide sur cette blague et que ça n’aiderait pas mon intégration alors je n’ai rien dit).

Il est bien trop tard.
Sandrine m’a dit il y a peu : « Si c’est plus important que le sommeil alors vas-y, tant pis pour toi… » Je ne sais pas si c’est plus important que le sommeil mais remplir des pages, taper ces phrases sur le clavier dans le silence retrouvé de l’appartement, ça me fait un bien fou.

1 Comments:

Blogger ma petite vie said...

c'est vrai que le canada, est "frais" trop "frais" même.
tout le monde reste aux toilettes avec un livre ou un magazine...? non? merde...

16 janvier, 2009  

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