Les choses simples

13.1.09

La journée

J'éprouve quelques difficultés à me relancer dans l'écriture de ce blog.
Au fond de moi, j'ai envie d'y venir tous les jours et d'y raconter mes journées, intenses ou creuses. Et en même temps, je ressens le besoin d'en faire plus, d'écrire d'autres choses.
Comme souvent dans l'année, je passe par une remise en question existentielle un peu naïve où je me demande à quoi tout cela sert, etc.
Je me dis surtout que ce ne sont pas des posts de blog que j'aimerais écrire, c'est bien plus et que je n'y arrive pas. Je ne prends pas le temps. Je laisse passer les mois, filer le temps entre mes doigts, et aucune page ne se noircit...
J'ai parfois l'impression de me trahir, de trahir le jeune homme qui se voulait romantique, bohème, ambitieux en prose ou en vers, et qui a fini aujourd'hui par rentrer dans le moule comme tout le monde...
Je m'attendais à mieux de ma part.
Le Romain de 15-16 ans ne comprend rien au Romain de 28 ans...

Mardi

En sortant de la maison, j’ai d’abord remarqué que la neige avait finalement disparu, après une semaine de résistance. Une petite nuit de pluie et hop, plus rien.
C'était bien quand même cette neige, ce froid, cette impression d'habiter le Canada ou la Sibérie pour un moment.

Il y a toujours des problèmes sur la ligne A du RER. C'est régulier désormais et nous ne pouvons rien y faire. Chaque jour est différent apportant un nouveau souci ou plusieurs en même temps, ralentissant le temps de trajet de 10, 20 ou 30 minutes, dans les meilleurs cas.
Le matin, sur le quai, il arrive assez souvent que je laisse passer un ou deux RER trop remplis avant de pouvoir monter à mon tour.
Je lis et j'écoute de la musique, ce qui me permet de m'évader un peu.
Ce matin, rien de nouveau de ce côté là.

En sortant du métro, mon livre à la main, je me suis aperçu que j'étais presque à la fin du second chapitre. Je ne suis donc pas tout de suite sorti pour affronter la pluie parisienne. J'ai attendu, le temps de finir les deux pages restantes et d'atteindre enfin cette troisième partie tant attendue.
Ce livre me passionne et me prend beaucoup de temps (un véritable pavé) ; j'en reparlerais plus tard...
Je l'ai ensuite rangé dans mon sac FNAC bien usagé puis dans mon sac à dos et j'ai emprunté la rue du Vieux Colombier, traversé la rue Bonaparte et la Place Saint Sulpice pour rejoindre la rue Férou.
Sur la place, Vincent Lindon était au téléphone, près de son scooter. Il semblait enjoué, heureux, l'œil pétillant, parlant de je ne sais quoi, avec je ne sais qui, un matin de janvier...

La fontaine de la place est toujours figée dans la glace.
L'église a toujours un côté en pleine restauration pour des travaux qui semblent à tout le monde interminable alors qu'un simple coup de Kärcher...

Suite au séminaire qui a eu lieu en fin de semaine dernière, j'ai désormais beaucoup de travail pour rattraper toutes les choses qui n'ont pas été faites, ou mal faites, par un certain nombre de personnes au sein de la chaîne commerciale du livre.
Je m'arrache les cheveux mais je vais m'en sortir.
L'ambiance dans notre société est fébrile. Les résultats ne sont pas très bons, les prévisions pour l'année 2009 ne donnent pas envie de danser la Carioca. Bref, on se prépare à des mois très difficiles.
D'ailleurs, depuis le retour des vacances, je commence même à me dire que je ne vais peut-être pas rester chez eux finalement. Non pas parce que je ne m'y plais pas ni parce que mon patron ne souhaite pas me garder mais tout simplement pour une question de conjoncture, de crise, et de CDD qu'on ne peut pas financièrement transformer en CDI...
Je dois me préparer à cette éventualité que je n'avais pas vraiment envisagée. C'est dur car je suis très épanoui dans mon travail ; tous les éléments sont réunis pour moi.

Du coup, ce midi, j'ai lancé une idée, un concept pour la création d'une entreprise, la célèbre "Fastlight". Ils m'ont écouté faire mon petit sketch, je pensais qu'ils allaient en rire mais ils m'ont plutôt encouragé. Thomas a même répété plusieurs fois que c'était une bonne idée, même "une putain de bonne idée"... J'ai essayé de m'imaginer une seconde en tant que chef d'entreprise et je n'y ai pas cru... Alors, bon, "Fastlight", si le concept plaît, je le vends.

J'ai quitté la boîte vers 17h30 pour n'arriver à la maison que vers 19h. A chaque station de RER, les gens se prenaient la tête, soupiraient, se traitaient de noms d'oiseaux.
Parfois, j'imagine qu'un mec comme Michaël Douglas dans Chute libre va tout à coup pêter les plombs, sortir son fusil à pompe et en dessouder un ou deux.
La plupart du temps, je ferme les yeux, coincés entre des gens que je ne connais pas du tout, contre qui je n'avais aucune envie de me retrouver, et je m'imagine bien ailleurs, à la montagne, à la mer, à la maison, des trucs faciles mais qui fonctionnent bien en général.

A Neuilly, en attendant le bus, j'ai croisé Vanessa B., une ancienne camarade du lycée, que j'aimais beaucoup et qui se trouvait à mes côtés en cours d'histoire. Habituellement, je ne suis pas très heureux quand je croise quelqu'un sur le trajet, surtout quand je sais que nous allons devoir partager une partie du voyage et que la discussion va sûrement s'amenuiser au fil des minutes pour finir par être composée de gros blancs embarrassants. Cependant, là, je suis allé vers elle avec le sourire.
J'ai commencé à faire mon intéressant, parlant du RER, de la promiscuité, etc, histoire de nous lancer puis nous avons embrayé sur nos enfants, formidable sujet intarissable chez les parents.
Elle m'a demandé comment allait "Sylvain"… Elle a vu dans mes yeux que ce n'était pas le bon prénom alors elle s'est reprise tout de suite. Elle m'a raconté qu'une personne cette semaine lui avait demandée comment allait "Nestor"...
Son fils s'appelle Nelson...

Elle m'a avoué que le père du petit, dont elle était séparée depuis pas mal de temps déjà, s'était donné la mort dans le courant de l'année 2008 et que ça avait été une épreuve difficile pour son fils. J'ai tout de suite arrêté mon petit numéro à la Chandler, du genre "quand je suis mal à l'aise, je dis des conneries" et nous avons pu avoir une discussion plus sérieuse pendant notre trajet commun.
A la fin, nous nous sommes salués, sans échanger nos numéros, ni nous promettre de nous revoir très vite, de s'inviter, ni nous proposer de passer quand on voulait...

A la maison, j'ai retrouvé ma mère, qui avait gardé Vincent cet après-midi, assise sur le canapé avec mon fils recroquevillé sur elle, endormi, une main sur son doudou. L'image était assez étonnante car il ne s'endort plus depuis longtemps sur les gens. Il a tellement envie de bouger que nous ne pouvons le garder plus de deux minutes sur nous. J'ai pu ranger mes affaires, préparer mon sac de sport pendant qu'il dormait.
A l'arrivée de Sandrine, nous avons tout de même dû le réveiller pour le bain, le biberon, les trucs du soir quoi.

Retour au handball après quasiment un mois d'arrêt. Dur de s'y remettre, de retrouver son souffle mais je m'en suis pas trop mal sorti.

J'avais pris comme résolution 2009 de me coucher tous les jours avant minuit. Je n'y arrive pas vraiment.
Pourtant, il faut que je me force. Vendredi dernier, 15h30, ma voisine de séminaire, accessoirement directrice des ventes, m'a donné un coup de coude pour éviter que ma tête ne tombe trop bas, et que mon endormissement ne soit trop flagrant pour la direction de la société.
J'ai lutté mais mes paupières étaient tellement lourdes.

Si au moins, j'occupais ce temps pris sur le sommeil, ce temps de la nuit, pour écrire.

Ne rien faire d'autre qu'écrire. A part vivre. Pour en avoir encore plus à écrire.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'ai pris un véritable plaisir à te lire ce matin, peut-être est-ce dû à tes doutes qui font ressortir une certaine manière de poser les choses. Je pense que tes textes sur ce blog mériteraient d'être compilés juste comme ça pour voir, il y aurait possiblement quelque chose à en tirer.
Le mois de janvier est à chaque fois l'occasion de se dire que ce coup-ci on ne passera pas à côté de sa chance et de ces possibilités qu'on a en soi mais qu'on n'exploite pas. Sauf que plus le temps passe, plus les souvenirs de ces ferveurs vite éteintes s'accumulent, alors on doute, même le 31 à minuit. Moi aussi je doute de ne jamais sortir de ma boîte...
Héhéhé pour le livre, moi je sais ce que c'est, et je n'ai toujours pas fini de m'intéresser au sujet !
Nicolas

14 janvier, 2009  
Anonymous Anonyme said...

Hello boy,

Je ne savais pas pour l'ex de Vanessa : je le connaissais en fait, ça fait bizarre.

Bises
Virginie

14 janvier, 2009  
Blogger ma petite vie said...

salut Romain, j'ai aussi lu ton retour au blog. Merci d'y revenir.
a propos du doute, je crois que nous avons besoin de cet état de questionnement. le monde serait si ennuyeux, dirigé par les certitudes.
Adrien

14 janvier, 2009  

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